Bientôt 20 ans et déjà la plus grande des voleuses

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Le code pénal, la bible des juges au tribunal

CARNET DE JUSTICE DU JDM. Vols, falsification de chèques, escroquerie, la jeune femme ne s’était pas déplacée au tribunal pour entendre la longue liste des infractions qui lui étaient reprochées. Peut-être préparait-elle son anniversaire, elle va fêter ses 20 ans la semaine prochaine. Elle n’était pas là non plus pour entendre la liste encore plus impressionnante de ses victimes : un hôtel, cinq personnes et leur banque, le Crédit agricole de Normandie, la Banque postale, la Caisse d’épargne d’Alsace, la Banque populaire des Alpes… la présidente Peyrot prévenait qu’elle avait trois pages de faits à énoncer.

Salle TGI Code pénalTout commence le 28 août 2012, le jour où la jeune femme vole un chéquier à un ex-petit ami. Elle utilise six chèques, pour 1.300 euros, avec une signature contrefaite. Mais elle avait une bonne raison. Elle devait, entre autres, rembourser une dette à une amie. Une drôle de dette : quelques jours auparavant, elle lui avait dérobé sa carte bleue avec laquelle elle avait fait des retraits d’argent liquide. Elle connaissait le code, elle l’avait mémorisé un jour où les deux «copines» faisaient des courses ensemble. Prendre d’un côté pour rembourser un vol de l’autre, il fallait y penser.

C’est ensuite une dame à qui elle subtilise 100 euros dans son sac. La femme la considérait comme une personne «gentille et avenante». La jeune fille, elle, avait surtout besoin de liquide pour participer à une fête.
Mais la carte bleue, ça rapporte bien plus. Sa technique de repérer le code de ses connaissances étant maintenant rodée, les méfaits peuvent s’enchainer.

Des emplettes à 0 euro

Une grand-mère sera sa prochaine victime. Le sac à main était posé sur la table, la CB était trop facile à prendre. Elle savait que la vieille dame avait peu de moyens pour vivre mais la morale compte peu quand on peut s’offrir deux billets d’avion, une nuit à l’hôtel et des lentilles de contacts à Jumbo. 800 euros d’emplettes gratis, ça n’a pas de prix.

Dans toute cette histoire, c’est un autre ex-petit ami qui remporte la palme de l’arnaqué. En septembre 2012, elle lui pique la carte bancaire dans son portefeuille. Le code, elle l’avait déjà en tête. Elle effectue un premier retrait de 700 euros, prend la barge et fait les boutiques de Petite-Terre. Les chaussures et les vêtements y sont plus chics, c’est bien connu. A court de monnaie, elle s’apprête alors à effectuer un autre retrait mais le gabier avale la carte. Elle doit se contenter des 1053 euros déjà dépensés.
«Je n’en avais pas besoin, il prenait soin de moi. Je reconnais avoir abusé de sa confiance et de son amour», déclare-t-elle aux enquêteurs. Ce qui ne l’empêche pas, aussi incroyable que cela puisse paraître, de lui voler sa carte une deuxième fois.

Le code était sur la table

Début avril 2013, elle se rend chez lui pour lui rembourser 150 euros, une partie de l’argent de la dernière escroquerie. Mais en arrivant, comble de la tentation, un courrier de la banque se trouve sur la table. C’est le code de la nouvelle carte bancaire du garçon ! Les quatre chiffres sont vite mémorisés et elle repart, ni vu ni connu, avec la carte dans la poche. Une gourmette pour son fils, des rajouts, une visite chez le coiffeur et un retrait, l’ex se fait à nouveau dépouiller de 970 euros.

Elle a reconnu l’ensemble des faits, le mensonge ne fait pas partie de ses défauts. Le tribunal l’a condamné à 12 mois de prison dont trois ferme, une mise à l’épreuve et une obligation de soins. Le plaisir de dépenser l’argent des autres, finalement, ça a un prix.
RR
Le Journal de Mayotte.

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