Formation professionnelle, «pour ne plus y entrer par défaut»

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Une remise de diplômes en public pour provoquer une prise de conscience auprès des jeunes : le 2ème Forum de la Formation professionnelle se tient ce mardi et se veut force de proposition pour la jeunesse. Une occasion de rappeler que Mayotte est sous dotée.

Des diplômes remis par le président du département, "pour montrer qu'il faut aller au bout de sa formation".
Des diplômes remis par le président du département, « pour montrer qu’il faut aller au bout de sa formation ».

Le Forum de la formation professionnelle à Mayotte, c’est un peu le Salon de l’Etudiant en Métropole : on va donner une orientation à sa vie professionnelle. Ici, beaucoup de jeunes et de moins jeunes ne possèdent qu’une formation de base, qui nécessite un complément de qualification, ou une réelle formation.

C’est le cas de ces 18 jeunes, dont un garçon, qui illustraient un peu l’exemple à suivre ce mardi matin : ils se sont vus remettre au début de la matinée, un diplôme des mains de Daniel Zaïdani, un président du CG mué en grand animateur pour l’occasion, le Certificat de Qualification professionnelle dans le domaine de l’animation périscolaire.

Bonne anticipation, puisqu’il s’agit de disposer d’un vivier d’animateurs qui vont travailler avec les communes dans le temps périscolaire dégagé par la réforme des rythmes scolaires.

Erreur de cursus

Des jeunes du lycée agricole passent et se présentent à l'UFA
Des jeunes du lycée agricole passent et se présentent à l’UFA

Les lauréats ont presque tous le BAFA complet (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), « je travaille à chaque vacances scolaires avec les enfants dans le cadre de la Caisse des écoles de Mamoudzou, et j’ai voulu me former davantage », indique Naïd, le garçon du groupe. Inchati, elle, veut maintenant passer le Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport.

Plus loin, ils sont des dizaines de jeunes à se rendre de stands en stands. Certains s’y baladent, d’autres sont en recherche. Le plus souvent accompagnés de leur professeur : « un accompagnement indispensable si on veut provoquer un dialogue personnalisé avec l’organisme de formation, et veiller à ce que l’élève se présente correctement, sorte de sa réserve », explique René Audrain, enseignant au lycée agricole, entouré d’un vingtaine de jeunes. «Plusieurs se sont aperçus que leur cursus ne correspondait pas à leurs aspirations».

Quelques jeunes adultes malentendants de l’Association des déficients sensoriels de Mayotte essaient de trouver, traduction en langage des signes à l’appui, une formation adaptée à leur handicap.

Le 101ème  DOM mal doté

Maurice Bémou, "nos besoins sont quatre à cinq fois plus importants que la dotation"
Maurice Bémou, « nos besoins sont quatre à cinq fois plus importants que la dotation »

CAP de boulanger, diplômes de plongée, pré-qualification aux métiers du sport, formations qualifiantes aux métiers du tourisme, de l’informatique ou des services… il y en a pour tous les goûts, « l’essentiel étant que les jeunes s’inscrivent dans une formation en connaissance de cause et non plus par défaut », indique Maurice Bemou, coordonnateur responsable de l’Emploi et de la formation au CG.

Ils sont 20 organismes de formation professionnelle à travailler avec le Conseil général, qui reverse 6 millions d’euros. Daniel Zaïdani rappelle quelques réussites : « le recrutement par la compagnie Ewa de 6 jeunes personnel naviguant formés en Métropole, 6 autres sont en formation de cadre en gestion hôtelière à Maurice ».

Mais 6 millions, c’est peu : «sur 84 millions d’euros disponibles pour les 5 DOM, Mayotte n’en perçoit que 0,40% en dotation, là où la Guyane récupère 6,54%, à population quasiment équivalente», critique Maurice Bémou. La formation professionnelle fait en effet partie des charges transférées au Conseil général, qui doivent donc être compensées par l’Etat.

Une somme qui ne permettrait pas de boucler tous les besoins selon Maurice Bémou, « il faut payer les formations et les stagiaires. Les 90 euros mensuels alloués aux moins de 18 ans leur servent essentiellement à payer les transports, il ne leur reste plus grand chose pour se restaurer ensuite. C’est un frein à la formation ».

Une injustice qui devrait être réparée s’il on en croît le cadre du CG, « grâce au travail des parlementaires, du préfet et des élus, ça va bouger ! »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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