Hippocampus: la petite association devient un centre culturel

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Hippocampus modifie ses statuts pour jeter les bases d’une association culturelle universitaire à vocation départementale. Avec un bilan et des projets foisonnants, elle est le noyau d’un véritable centre culturel mahorais.

hippocampus logo associationLa petite association culturelle fondée par la directrice de la formation des maîtres de Dembéni en 2010 n’est plus qu’un lointain souvenir. Hippocampus se métamorphose en cette fin d’année universitaire pour jeter les bases d’un véritable centre culturel. Basé au centre de formation universitaire (CUFR) il est destiné à rayonner sur l’ensemble du département.

Lors de son assemblée générale extraordinaire de jeudi, Hippocampus a modifié ses statuts pour se doter d’un conseil d’administration avec 11 élus et des membres de droits qui en disent long sur ses ambitions. On y trouve le directeur de l’université, la mairie de Dembéni, les Céméa, des représentants du monde du théâtre et bien entendus des associations étudiantes. Le Conseil général est également partenaire et des projets sont en cours avec le vice-rectorat.

«C’est un vrai centre culturel qui se met en place, dans un esprit d’éducation populaire, avec des répercutions sur la vie étudiante, la formation des étudiants et ouvert sur la société mahoraise», explique Véronique Méloche, la directrice et la programmatrice d’Hippocampus.

La nouvelle organisation permet aussi d’assurer la pérennité de l’association. On le sait, à Mayotte, les expériences finissent par s’éteindre avec le départ des porteurs de projets. «Avec cette structure, nous avons mis en place une base solide pour que l’association existe indépendamment des gens qui la porte», précise Véronique Méloche.

Une trentaine d’événements l’année passée

La fin de la saison du ciné-club consacré aux palme d'Or du festival de Cannes attribuées à l'unanimité
La fin de la saison du ciné-club consacrée aux Palme d’Or du festival de Cannes attribuées à l’unanimité

Impliquer la mairie de Dembéni et associer le Conseil général est enfin le signe d’une volonté affirmée d’aller vers les Mahorais «pour que le public se métisse de plus en plus».

L’association a organisé une trentaine d’événements culturels durant cette saison 2013-2014. Une séance de ciné-club et un concert par mois, beaucoup de théâtre et deux conférences. «Les concerts drainent déjà des amateurs et des curieux très variés. Les jeunes ont pris l’habitude venir. Mais le théâtre ou le cinéma restent encore trop confinés dans la sphère mzungu», reconnaît Véronique Méloche qui est bien décidée à relever le défi de la mixité.

«C’est une vraie difficulté qui nous amène à aller vers les habitants de Dembéni et vers les Mahorais en général, en leur proposant une programmation de qualité.» Dans cette optique, hippocampus va délocaliser de nombreux événements la saison prochaine «pour évacuer le côté un peu impressionnant de monter jusqu’au centre universitaire.»

Les étudiants impliqués

Université, lieu de culture, la convention cadre de l'Etat avec les universités françaises
Université, lieu de culture, la convention cadre de l’Etat avec les universités françaises

L’implication des étudiants est également un enjeu important. «Dembéni n’est pas un campus universitaire, ce n’est donc pas un lieu de vie. Si on ajoute le manque de transports en commun, les étudiants sont trop souvent absents lors des événements organisés en soirée par l’association». Le phénomène est amplifié par le parcours des jeunes. Les étudiants mahorais n’ont souvent jamais été partie prenante d’une vie culturelle et associative qu’il découvre à Dembéni et qui leur semble étrangère.

L’Etat devrait épauler l’association cette démarche. A l’image des universités métropolitaines, le CUFR est sur le point de signer une convention cadre intitulée «Université, lieu de culture» avec la Direction des affaires culturelles (DAC) de la préfecture et Hippocampus en serait le partenaire privilégié. Cette convention vise à replacer les universités et les étudiants au cœur de la politique culturelle en permettant une éducation artistique et culturelle qui dépasse largement le cadre universitaire.

Une saison 2014-2015 prometteuse

Nawal en concert au CUFR le 6 décembre 2013 de retour au mois de septembre
Nawal en concert au CUFR le 6 décembre 2013 de retour au mois de septembre

Tout ceci est en réalité l’aboutissement d’un travail, sérieux et constant, pour proposer une programmation variée sur l’ensemble de l’année. «Nous ne sommes pas encore en mesure de prévoir une programmation avec une année d’avance, mais ‘le chemin se fait en marchant’». Après les nombreux succès de cette année, le Ciné-club mensuel sera reconduit, des temps forts de théâtre et de nombreux concerts devraient également égrainer l’année.

La nouveauté de la saison 2014-2015 sera être la création de cycles de conférences dans lesquelles universitaires de tous horizons et intellectuels mahorais pourraient collaborer en interaction avec les étudiants.
En plus de la petite salle de théâtre de 100 places, la livraison de l’amphithéâtre avec ses 240 places offrirait un écrin à nombre de ces événements.

Hippocampus vous donne dors-et-déjà rendez-vous à la fin du mois d’août avec le retour de Nawal avec son trio «Les femmes de la lune» en collaboration avec le festival du bout de l’île de Dapani. Et dès le mois de septembre, on annonce la chanteuse Sandati originaire de Tsararano, des musiciens de Zanzibar en résidence, des créateurs malgaches… Sans nous en rendre compte, Mayotte a bel et bien donné naissance à son centre culturel.
RR
Le Journal de Mayotte

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