La Couveuse d’entreprises de Mayotte Oudjerebou vient de bousculer les jeunes lors de la remise des prix « Lance ton business ». Pour que chacun « trouve sa clef »…
La Couveuse, c’est la première expérience pour un futur créateur d’entreprise qui pourra ensuite s’épanouir en BGE (Boutique de gestion).
Celle de Mayotte s’appelle Oudjerebou (« Savoir oser »), et c’est encore Nassem Zidni son directeur qui la résume le mieux : « quand homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner du poisson ». Ses partenaires financiers sont le ministère de l’Outre mer, la Dieccte (Direction du travail et de l’emploi), l’Acsè (l’Agence pour la Cohésion sociale) et le Conseil général.
Tous les couvés se retrouvaient au milieu des étudiants ce mercredi 1er octobre au Centre Universitaire, de Formation et de recherche de Dembéni pour la remise des prix de la 2ème édition du Concours « Lance ton business », lancé par les couveuses d’entreprises ultramarines. Deux catégories sont distinguées et concernent les jeunes de moins de 31 ans.
Dans la première, « Emergence » qui recense les entrepreneurs en cours d’accompagnement, concourraient 6 candidats. Si Hilda Mavouna et Nazli Joma ont reçu le prix spécial, la première pour le vente de produits capillaires et de bijoux, la seconde pour son cabinet de psychologue, c’est Aurélio Lima Ferreira qui en est le lauréat pour son entreprise de vente et de réparation de produits électroniques. « Je me déplace à domicile et créée mon site i-boot.fr qui ne sera valide qu’à la fin du mois d’octobre », indique le jeune homme.
« Préfecture et Conseil général n’ont pas de place pour nous tous »
Ce qu’il gagne ? « Des boites à outil », résume un des membres du jury. Pas de sommes d’argents, mais « des récompenses en nature », comme l’explique Nassem Zidini, « un créateur d’entreprise a besoin de s’informer, de voyager, de conseil en comptabilité en gestion. C’est pourquoi nous offrons des abonnements à Somapresse, un voyage par Inter Iles ou un an de conseil dans un cabinet de gestion ».
Pour exemple, Nazli Joma a reçu une plaque pour son cabinet et des cartes de visite.
Dans la catégorie « Développement », Anne-Julie Brutout a reçu le prix coup de cœur pour son école de musique à Combani, ouverte depuis 3 ans, « j’ai beaucoup appris par la Couveuse, nous avons entre 150 et 200 élèves maintenant ».
Créer, c’est déjà du travail…
Et le lauréat de cette catégorie est Ali Papa Assoumanie, pour son projet d’entretien d’espaces verts et d’aménagement de jardins, très direct lorsqu’il interpellait les étudiants réunis dans le petit amphi du CUFR : « la préfecture et le Conseil général n’ont pas assez de place pour nous tous. Je n’ai pas eu le Bac, la Couveuse m’a donné une clef, mais essayez de décrocher le diplôme qui vous permettra d’avancer et d’avoir vous aussi une clef ! »
Il représentera l’île à Paris lorsqu’il concourra contre les autres DOM le 4 décembre.
Un débat autour de deux entrepreneurs mahorais emblématiques, Farrah Haffidhou, cabinet de BTP Delta, et Fayçoil Mouhoussoune, s’engageait avec des conseils, « tout le monde peut devenir entrepreneurs, mais il faut savoir anticiper, croire en son projet, être rigoureux ».
Et c’est Farrah Haffidhou qui aura le dernier mot : « j’ai pris des congés au bout de trois ans seulement ! C’est vrai que quand on est chef d’entreprise on fait ce qu’on veut, mais ce qu’on veut, c’est travailler, donc on y va ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte