Après avoir achevé les discussions avec la commission européenne sur les domaines qui vont bénéficier des fonds européens, la présence de notre département au 3e forum des RUP était un autre examen de passage, celui de l’image. Il est, semble-t-il, réussi.
« Enthousiasme». C’est le premier mot qui est venu à Nicholas Martyn, directeur général adjoint des politiques régionales à la Commission européenne pour qualifier la présence de Mayotte. C’est également celui qu’a choisi, l’adjointe qui a animé ce forum pendant les deux jours. Interrogée par le JDM, elle relevait «les questions passionnées de Mayotte pendant les différentes sessions. Et je vous assure que le message ‘on est membre, traitez nous comme un membre à part entière’ est complètement passé. Je pense que c’était une bonne présence et leur voix a été entendue.»
Daniel Zaïdani, le président du conseil général de Mayotte, ne cachait pas sa satisfaction, à peine le forum clôturé par Victorin Lurel : «Totalement réussi».
«Mon ambition était de construire une délégation qui tienne la route avec des représentants des secteurs de la pêche, du BTP, des syndicats qui puissent s’emparer des dossiers et des logiques européennes. Je pense qu’ils apportent à l’Europe une autre compréhension de ce qu’est Mayotte. Nous, politiques, quand on demande des dérogations, je sais qu’on nous entend mais c’est mieux quand ce sont les professionnels qui portent les demandes.»
Les grincheux s’étaient fait entendre pour questionner la pertinence d’une vaste délégation à un tel rendez-vous. Et de fait, si le forum en lui-même n’a pas porté beaucoup d’avancées ou de propositions, son intérêt résidait aussi dans ce qui se passait dans les couloirs.
Pendant deux jours, discussions et contacts se sont multipliés. Les champions incontestés de la carte de visite distribuée sont les délégations antillaises. Martiniquais et Guadeloupéens avaient décidé d’optimiser leur présence pour nouer le maximum de liens.
Evidemment, Mayotte, la petite dernière, avait encore apprendre pour mieux se préparer pour les prochains rendez-vous. La délégation n’a pourtant pas à rougir, à l’image des pêcheurs et des aquaculteurs qui ont pu rencontrer leurs homologues dans les autres RUP. La maire de Sada Anchya Bamana a même été invitée par Jean Crusol le président de la région Martinique pour bénéficier de l’expérience d’un territoire qui fait partie des membres fondateurs des RUP depuis 1995.
Du côté des RUP espagnole et portugaises, on se félicitait aussi de l’arrivée de Mayotte, un acteur de plus pour faire de la pédagogie sur les enjeux spécifiques de nos territoires auprès des toutes les instances européennes. Et on a apprécié les questions et les propositions des mahorais. «Nous avons commencé à découvrir Mayotte dans les réunions de suivi, parce que nous ne connaissions rien de vous à part votre position géographique», reconnait Celia Azevedo, adjointe de la présidence de gouvernement des Açores. «Ce qui est intéressant pour nous, c’est de voir que nous avons les mêmes enjeux, que nous sommes confrontés à la même réalité mais un niveau d’autonomie complètement différent. Nous sommes très loin d’un système très centralisé comme la France, avec ses avantages et ses inconvénients.»
Après le forum
Certains membres de la délégation de Mayotte enchaînaient à Bruxelles par des réunions techniques avec les instances européennes concernant leur secteur d’activité. C’était le cas des pêcheurs mais aussi des acteurs de la formation professionnelle comme Christine Daudet ou encore du port avec Ida Nel. Les jeunes ambassadeurs eux-mêmes avaient rendez-vous au bureau international de la jeunesse. D’autres encore avaient organisé des réunions de travail à Paris pour profiter de leur transit par la capitale pour faire avancer leurs dossiers.
Les RUP doivent se retrouver en janvier en Guadeloupe où Victorin Lurel passera le relai de la présidence de la conférence des RUP à l’île portugaise de Madère.
Dans deux ans et demi, la Commission promet un prochain forum des RUP bruxellois renouvelé pour faire face aux critiques : «on peut envisager une prochaine édition construite autour de questions plus précises pour en faire un rendez-vous plus concret», admet Eleni Marianou.
RR
Le Journal de Mayotte