La ministre de l’Outre-mer a annoncé mercredi un budget « préservé ». Il met l’accent sur les déficiences des Outre-mer : le chômage des jeunes et le logement social. Et met un frein à une dépense exponentielle de continuité territoriale.
Par les temps qui courent, George Pau-Langevin n’a donc pas boudé son plaisir en annonçant qu’avec une hausse de 0,3% le budget 2015 était porté à peu plus de 2 milliards d’euros, « une volonté réaffirmée au profit des outre-mer du président de la République et du Premier ministre ».
Il respecte la politique globale du gouvernement : à défaut de pouvoir relancer la demande sous peine d’aggraver un peu plus le déficit annoncé à 4,3% du PIB en 2015, il s’agit de relancer l’offre en incitant les entreprises à recruter.
Ainsi, plus d’un milliard d’euros est consacré aux exonérations de charges sociales patronales, « soit 41 000 entreprises concernées ». Le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) qui avait été annoncé par François Hollande en août à La réunion à 9% pour les Outre-mer ne le sera qu’en 2016. Il est inscrit à 7,5% dans le Projet de loi de finances pour 2015.
Pour contrer le chômage des jeunes « qui atteint souvent 50% dans certains DOM » ia rappelé la ministre, l’aide à l’insertion et à la qualification professionnelle représente 10% du budget avec 195 millions d’euros, et l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité (Ladom) gèrera 35 millions d’euros, dont 15 millions d’euros de crédits AFPA (Organisme de formation professionnelle qualifiante) géré auparavant par le ministère du Travail.
Aide au retour tous les trois ans
Le Service Militaire Adapté (SMA) est logiquement crédité à la hausse dans le cadre de sa montée en puissance « SMA 6 000 » : il obtient 3 millions d’euros en plus*, une reconnaissance de ses résultats en insertion professionnelles (76% en métropole, plus de 80% à Mayotte), pour moitié en formation qualifiante.
Le logement social qui a tant de mal à décoller à Mayotte, surtout en accession, se voit doté de 141 millions d’euros pour financer la construction ou la réhabilitation de 11.600 logements sociaux ou privés de ménages à très faibles revenus.
Annonce qui était attendue : les nouveaux Contrats de Plan Etat-région 2015-2020, qui doivent venir en appui des Programmes opérationnels européens à Mayotte, recevront un budget annoncé en hausse de 180 millions d’euros pour dépasser 980 millions d’euros. Ils seront signés avant la fin de l’année.
En revanche, et pour coller à l’effort national de contraction des dépenses publiques, les 3 millions d’euros alloués pour la rénovation hôtelière ne seront pas reconduits, « ils n’étaient pas utilisés », selon la ministre.
L’aide à la continuité territoriale sera également réduite : les billets d’avion « tout public » vers la métropole ne seront plus délivré par LADOM que tous les 3 ans. « Cette dépense avait augmenté de 50% en 4 ans », expliquent les services du ministère des Outre-mer au JDM, « il fallait rendre cette dépense soutenable sans toutefois l’abandonner. La ministre a fait le choix de la conserver en passant à un rythme triennal ». Les billets sont toujours attribués sous condition de ressource.
Cette restriction ne concerne pas les étudiants en formation mobilité ou en formation professionnelle qui continuent à bénéficier de leur aide au retour dans les mêmes conditions qu’auparavant. L’économie réalisée est de 11 millions d’euros par an.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Sur un budget total de 63 millions d’euros