Il ne se réveille pas au moment où va s’écrire le cadre de développement Mayotte 2025. L’écrivain « Tadji », comme il se fait appeler, nourrit sa réflexion depuis longtemps.
Tadjidine Madi Dalger n’est pas un inconnu à Mayotte. Outre le fait que, quoique plus jeune, il est l’oncle de l’ancien président Douchina du Conseil général, il est l’auteur de 4 ouvrages sur le mal-être de l’île lié à son développement.
Les titres, à rallonge, suffisent à évoquer ses thèmes de prédilections : « Mayotte entre malaise, violence et délinquance : Mayotte va mal, Mayotte va mieux, mais où va Mayotte ? » (en 2012), « Mayotte, un héritage en perdition : entre la politique du ventre et les principes Républicains (2012), « Mayotte département-mangrove régi par l’article 73 de la Constitution française ».
Il les commente au passage : « ‘Mayotte va mal’, c’est la réalité de terrain, confrontée à la politique du ventre pratiquée par les élus, alors que pour l’Etat ‘Mayotte va mieux’ et doit appliquer les principes républicains ».
« Une évolution qui induit un (sous)-développement »
Le développement du territoire doit s’accompagner du préfixe « sous » pour l’écrivain qui parle d’archaïsme, de déclin lié à « une société mahoraise dépassée, dont les mentalités n’arrivent pas à suivre l’évolution imprimée par la France : nous sommes passés d’une société rurale à la télé couleur, sans l’ère du noir et blanc ! ».
Une image qu’il veut forte, mais est-elle pour autant négative ? Oui, selon lui, car s’il revient sur un Pacte pour la départementalisation qui n’a pas laissé les Mahorais acteurs de leur développement, le nouveau cadre Mayotte 2025 ne trouve pas plus grâce à ses yeux : « on continue à transposer des schémas métropolitains, qui ont échoué dans les autres DOM ».
Un exemple ? « Les cadis qu’on a écarté dans les réunions qui sont censées régler la délinquance et qui ont retrouvé leur légitimité lors de la dernière crise sociale entre Majicavo et Kawéni. On ne peut pas transposer les lois occidentales à une population musulmane et comorienne ».
Interpellation des parlementaires
La meilleure des protection est fournie par l’article 73 de la Constitution qu’il juge sous-employé et qui indique que les textes législatifs et réglementaires sont applicables dans les DOM, le cas échéant moyennant les mesures d’adaptation « nécessitées par leur situation particulière ».
Pour cet écrivain de 42 ans diplômé des Sciences de l’Education à l’université de Bourgogne, il n’est pas trop tard pour l’appliquer au document Mayotte 2025 : « nous avons besoin d’adaptations et que cesse l’improvisation qui prévaut en matière de départementalisation de Mayotte ».
La solution passe pour lui par les parlementaires, « Thani (un des deux sénateurs mahorais) a déposé une multitude d’amendements, il faudrait que nos deux députés fassent de même au lieu de suivre le gouvernement comme des moutons. Ils doivent garder leur force de conviction et la porter en faveur de Mayotte ».
Tadjidine Madi Dalger a deux autres titres en préparation : « Mayotte l’ordre social bafoué » et « Mayotte la française et la musulmane ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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