L’emploi des jeunes: une Mission qui se fait de plus en plus locale

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La Mission locale, c’est théoriquement le sas vers l’emploi pour les jeunes de moins de 25 ans. La réalité est plus complexe à Mayotte comme nous l’explique Djabiri Madi qui supervise deux nouvelles antennes Koungou et Hamjago.

Azihan Saandani, conseiller Mission locale: "j'ai choisi Koungou car c'est le bassin d'emploi de Mayotte en zone stratégique entre Longoni et la zone de Jumbo à Majicavo"
Azihan Saandani, conseiller Mission locale: « j’ai choisi Koungou car c’est le bassin d’emploi de Mayotte en zone stratégique entre Longoni et la zone de Jumbo à Majicavo »

Initialement centralisée à Cavani où demeure le siège de l’association, la Mission locale a vu fleurir ses antennes sur le territoire : à Chirongui, Tsararano, Chiconi, Sada, Dembéni et Ouangani en 2010, Petite Terre en 2011 et désormais Koungou et Hamjago au mois d’août dernier.

Auparavant conseiller en insertion professionnelle, Djabiri Madi est devenu responsable du secteur 1 des antennes de Mission locale, qui va de Petite Terre à Tsingoni, « qui ouvrira en 2015 » en passant par Koungou et Hamjago. Cette « décentralisation » est une clef de la réussite à Mayotte : « pour se déplacer d’Acoua à la Mission locale de Mamoudzou, il en coute souvent 12 euros à un jeune », déplore-t-il.

Des frais qui ont été dénoncés par les organismes de formation professionnelle qui lui imputent un fort taux d’absentéisme : « les jeunes que nous envoyons se former reçoivent une aide, mais elle n’a pas été revalorisée depuis 2001 », explique-t-il. Un problème financier que le Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Jeunes fournis en supplément par l’Etat, via la Dieccte (Direction du travail et de l’emploi) a permis d’alléger.

Des formations d’un niveau trop élevé

Djabiri Madi à la tête du secteur 1
Djabiri Madi à la tête du secteur 1

La Mission locale se veut indispensable dans le parcours du jeune : « à partir du moment où le Conseil général a lancé ses appels d’offre pour attribuer les formations respectives aux organismes spécialisés, nous travaillons individuellement avec les jeunes sur leur projet professionnel et sur leur niveau avant de les inscrire dans tel ou tel stage ».

Selon lui, il y a encore des inadéquations entre les formations proposées et le niveau des prétendants : « un appel d’offre récent lance une formation ‘à la formation d’adultes’ alors que nos jeunes auraient besoin d’un complément de compétence pour y prétendre ». Et il le jure, ses services travaillent avec chacun d’eux pour modifier leur projet professionnel s’il ne correspond pas à une demande du marché, « ils ont tous un conseiller référent ».

L’implantation d’une antenne à Koungou porte déjà ses fruits : « sur 2.444 jeunes enregistrés à la Mission locale de Cavani en 2013, 228 venaient de Koungou. A la moitié de l’année prochaine, on devrait doubler ce chiffre ».

De la nécessité d’un contrôle par chacun des acteurs

La Mission locale s'installe dans le bâtiment rénové de l'ancienne mairie à Koungou. Au premier plan, le jardin aménagé par des jeunes de l'Agepac
La Mission locale s’installe dans le bâtiment rénové de l’ancienne mairie à Koungou. Au premier plan, le jardin aménagé par des jeunes de l’Agepac

Selon lui, la situation des jeunes de Koungou n’est pas tellement différente de celle enregistrée dans le chef lieu, « nous gérons également les jeunes de Kawéni. Beaucoup ont quitté l’école depuis plusieurs années, et nous accueillons les situations irrégulières à travers la probabilité qu’ils puissent obtenir un titre de séjour indispensable pour les démarches vers l’emploi ».

Face à notre côté tatillon quant à l’accompagnement des jeunes, Djabiri Madi précise : « nous effectuons avec l’organisme de formation un bilan de début et de fin de stage, ainsi qu’un point à mi-parcours. Mais ces organismes ont aussi l’obligation d’adapter la formation aux difficultés de chaque personne et, parfois, ne signalent pas les absences ou les défections de peur de perdre le financement calqué sur le nombre d’inscrits »… Un contrôle est néanmoins effectué par le Conseil général qui doit théoriquement retrouver les objectifs de réussite fixés.

Le budget alloué au fonctionnement avoisine les 1,4 million d’euros et doit répondre à une convention pluriannuelle d’objectifs.

La Mission locale, association de loi 1901, a une prérogative de service public avec un financement par tiers Etat, Conseil général et communes, « mais qui se rapproche en réalité davantage d’un 75% de l’Etat à Mayotte » le Conseil général n’assurant pas sa quotte part et les mairies, n’ayant pas encore tout à fait acquis une autonomie financière. « Pour l’instant, seules Dembéni, Chiconi et Chirongui participent, mais nous comptons sur Dzaoudzi Labattoir dont le maire fut en son temps, président de la Mission locale ! ».

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

 

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