Comme chaque année, des concerts de musique classique de qualité sont proposés aux amateurs avec une double utilité : retrouver les grands compositeurs classiques et participer à la lutte contre le Sida.
Pour lutter contre le VIH Sida, l’association Narike M’Sada* a toujours préféré opposer la musique au fléau. Chose rare à Mayotte, c’est avec le classique que son président Moncef Mouhoudoir communique. Depuis quatre ans, il « fait du bruit contre le sida », formule qu’il avait lancé au départ en compagnie du violoncelliste Alain Meunier, un fidèle qui sera bien sûr présent cette année encore.
Ses affiches sont d’ailleurs toujours suggestives. S’il s’agit cette année de la mise en lumière de lèvres sensuelles d’une belle flutiste guidée de très prés par son compagnon, en 2012, les partitions étaient agrémentées de notes aux positions plus proches du kamasoutra que de celles de la Lettre à Elise.
L’association Narike M’sada fut pionnière dans la communication en faveur du dépistage du Sida qui est toujours largement insuffisant à Mayotte. Il est systématique pour les femmes enceintes, mais on sait que toutes ne viennent pas chercher les résultats, et une proportion encore plus faible suit des traitements. Nariké M’sada milite d’ailleurs depuis un an pour l’introduction des TROD (Test Rapide d’Orientation Diagnostic) à Mayotte.
Les DOM particulièrement touchés
Dans son bilan sur les découvertes de séropositivité du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) en France entre 2003 et 2011 publié le 16 juillet 2013, l’Institut de
Veille Sanitaire (InVS) précisait que les taux de découvertes en Guyane, Guadeloupe,
Île-de-France, à Mayotte et en Martinique étaient supérieurs à la moyenne nationale.
« Mayotte a un taux de découvertes de séropositifs rapporté à la population équivalent à celui de la Martinique et bien supérieur à celui de La Réunion », indique Moncef Mouhoudoir.
Il faut signaler que le nombre des dépistages réalisés augmente dans certaines catégories de la population : les jeunes. L’information sur les précautions à prendre est de plus en plus répandue.
Le dispositif mis en place pour lutter contre la maladie est pertinent, selon Narike M’sada qui demande à ce qu’il soit mieux structuré pour plus d’efficacité. « L’information anonyme et gratuite en est un pilier essentiel ».
En 2013, 30 nouveaux patients ont été diagnostiqués à Mayotte, âgés de 14 à 38 ans.
Comportements à risque à Mayotte
L’association, qui tourne avec des bénévoles, sait que son plus grand défi est de tenir dans la durée, « nous sommes attelés à des tâches qui à la longue deviennent obscures voire répétitives quand seules d’abstraites statistiques annuelles en prouvent l’efficacité concrète ».
Le second défi à relever vient de la population, et notamment l’augmentation des comportements à risque : peu d’utilisation du préservatif, le multipartenariat avec des partenaires occasionnels. « La question ici semble plus relever d’un défaut d’information, une écoute attentive et un travail d’analyse s’impose à partir des relations d’aide en vis-àvis menées par Nariké M’sada ».
La difficulté est doublée par l’arrivée de population marginalisée, celles de l’immigration clandestine en déficit d’aides.
Les 20 euros d’entrée seront donc alloués à l’action de l’association : lutte contre l’ensemble des maladies sexuellement transmissibles dont les hépatites, développement de réponse aux problèmes juridiques, sociaux, matériels et psychologiques des personnes atteintes, l’écoute dans un cadre extrahospitalier.
Les concerts auront lieu ce dimanche 26 octobre au Centre Universitaire de Dembéni à 18h, où seront joués Haydn, Lutoslawski, Mozart et Rota, et le 27 octobre à 19h au cinéma Alpa Joe, avec Haydn toujours sur un Divertimento, Darius Milhaud et un quatuor de Mozart. Alain Meunier sera accompagné d’un violoniste, d’une pianiste, d’un altiste et d’un clarinettiste.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*0639 691 734