Premier bilan positif pour le T-shirt unique pour tous les élèves du collège de Mgombani. L’opération semble participer à créer des règles et des codes qui manquaient dans la vie du quartier.
En matière d’éducation comme de prévention des tensions urbaines, les victoires d’un jour peuvent rapidement être remises en cause. Pourtant, à Mgombani, pas question pour le principal du collège de bouder son plaisir. Depuis la rentrée, l’établissement est particulièrement calme avec des actes d’indisciplines en net recul. Dans l’établissement, aucun doute : l’effet T-Shirt unique joue à plein.
«Notre question était de savoir comment gérer le grand nombre d’élèves ? Comment repérer un collégien d’un intrus et comment améliorer la discipline ?» explique Richard Barbé, le principal.
L’établissement en lui-même n’a jamais été la cible de tensions urbaines mais son environnement reste sensible, même si «quasiment aucun élève n’est transporté, note le principal. Ils vivent tous entre Cavani Sud et Mgombani»… Une zone relativement restreinte qui n’empêchait pas les règlements de compte, certains jeunes de Boboca et de Mgombani en venant aux mains pour régler d’improbables questions qui n’en méritaient pas tant.
«Le T-Shirt commun efface beaucoup de signes d’appartenance. Il dit d’abord ‘vous n’appartenez plus à un quartier mais à un établissement’, c’est une façon de permettre à tous les élèves de se sentir membre d’une même entité. Mais c’est aussi une façon de rappeler aux parents que leurs enfants doivent être à l’école», relève Richard Barbé. En effet, un jeune porteur du T-shirt doit normalement être au collège et non en train de traîner dans les rues.
«Ça crée de la discipline»
Filles et garçons, issus de familles aisées ou défavorisées, tout le monde est logé à la même enseigne.
«On met à bas l’identification vestimentaire par la marque. Et puis, ce T-shirt, c’est aussi une façon de remettre de l’éducatif et des codes, de rendre un peu solennel le fait d’aller au collège.»
Et malgré le scepticisme de certains, l’initiative semble bel et bien fonctionner. Le vice-rectorat avait d’ailleurs convié la presse ce mardi matin pour le démontrer. Sans mise en scène particulière, il était effectivement étonnant de voir la masse d’élèves patienter sagement devant les grilles ouvertes de l’établissement après la 1ère sonnerie de 6h45. Ils attendaient la 2e sonnerie du matin qui permet de pénétrer dans le collège, à condition de porter son T-Shirt et de brandir son carnet de correspondance. Le 3e son de cloche donnant le signal du début des cours.
Des T-shirts achetés par les familles
«Au début, on était nombreux à se dire qu’on le porterait pas. Moi, j’avais peur qu’on se ressemble tous en s’habillant pareil. Et finalement, je trouve que c’est une bonne idée.Ça a marché, tout le monde le porte», témoigne Daphney, une élève de 3e, totalement approuvée par ses copines Flora et tara.
Alors que certains syndicalistes, comme Rivo du SNUipp, dénoncent le prix trop élevé de la tenue et l’absence de concertation liée à la mise en place de cette mesure, dans les faits, le T-Shirt unique s’est rapidement imposé.
Le principal du collège affirme que 95% des familles ont réglé les 20€ d’achat des 4 T-Shirts, bientôt complétés par un 5e. Les T-shirts des dernières familles étant pris en charge par l’établissement.
«On se sent pas si moches !»
Quant à la couleur bleue, que certains trouvent trop sombre dans un pays de soleil, elle semble avoir conquis les plus exigeantes des adolescentes attachées à leur apparence : «On s’est dit que ça allait être affreux, rose ou vert. Finalement avec ce bleu foncé, on ne se sent pas si moches !» confient nos adolescentes dans un grand éclat de rire.
Le collège de Mgombani est un établissement dans la moyenne de Mayotte. Dans ses 60 classes, il accueille 1.682 élèves que vous pouvez donc repérer à leur T-shirt bleu avec un petit logo vert-fluo représentant une tortue. Un concours de logo lancé dans l’établissement pourrait permettre de le faire évoluer si l’opération se perpétue, ce qui ne semble pas faire débat à ce moment de l’année scolaire.
RR
Le Journal de Mayotte