Le Canal du Mozambique: juste un concept

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La situation de Mayotte est enviable : carrefour des échanges entre l’océan Indien et l’Afrique de l’est, l’avenir pourrait être prometteur… Les freins internes et extérieurs à l’île ont été détaillés aux présidents des CESE de France.

François Berthelon, Jean-Raymond Mondon et Abdou Dhalani
François Berthelon, Jean-Raymond Mondon et Abdou Dhalani

Les présidents et présidentes des Conseils économique, social, et environnemental étaient réunis ce lundi 10 novembre pour les 10 ans du CESE Mayotte. La veille, ils avaient pu découvrir Mayotte, son lagon, ses plages, et en repérer les atouts et les efforts à entreprendre.

Ils n’avaient plus qu’à prendre connaissance de la position géostratégique d’une île qui, baignée par l’océan Indien se trouve à la porte de l’Afrique. Un atout dont elle ne sait pas encore tirer parti, mais pour lequel elle n’est pas la seule fautive.

Problèmes d’octroi de visas par le ministère de l’Intérieur tel que le développera Michel Ahamed, directeur du Comité du Tourisme, ou de coût et de rapidité de desserte aérienne, « avec les nouvelles contraintes européennes en matière de piste, il n’y a bientôt plus que les ATR d’Ewa qui pourront se poser sur la piste », commentait, caustique, Said Ahamadi, « Raos », vice-président du Conseil général.

Un voisin gros producteur de gaz

Isabelle Chevreuil, aux côtés de Said Ahamadi, exposait la situation géostratégique de l'île
Isabelle Chevreuil, aux côtés de Said Ahamadi, exposait la situation géostratégique de l’île

Alors que le canal du Mozambique était présenté par Isabelle Chevreuil, vice présidente du CESE Mayotte, comme « la future mer du Nord en puissance », avec un potentiel de production de gaz qui ferait passer le Mozambique du Top 13 au Top 5 des plus gros, et que « 4 grosses découvertes de gaz au monde sur 5 en 2013 étaient au Mozambique », on constate que les investissements français sont minimes en 2013, loin derrière les Emirats Arabes Unis, les Etats Unis, l’Inde ou la Norvège.

Ce que Said Ahamadi traduit par « les atermoiements de l’Etat français dans le Canal du Mozambique, et alors même que l’insertion de Mayotte dans son environnement régional est annoncé comme une priorité depuis 2000 ! ». Un manque d’ambition dont l’île fait les frais. Mayotte n’a en outre pas intégré aucune des organisations économiques africaines, COMESA, SADC, ARC, qui permettrait une structuration des échanges.

Pourtant, en organisant la conférence « Concept Canal du Mozambique » l’année dernière, les mahorais avaient résolument décidé de tourner le dos à la coopération au sein de l’Océan Indien, les autres îles comme la Réunion ou Maurice étant accusées de bouter Mayotte hors du champ, « dans certains cas pour ménager la susceptibilité des Comores », ou tout simplement pour tirer la couverture à soi, « notamment sur les Iles Vanilles », surtout que « Maurice a les moyens de casser les prix de l’aérien », détaille Michel Ahamed

Des problèmes d’entente en interne…Les enjeux du tourisme par Michel Ahamed

Mais les principaux freins sont endogènes, « vous parlez de développement vers l’extérieur, mais comment l’orientez vous dans l’île ? », questionnera un représentant des CESE régionaux.

Alors que le potentiel de Mayotte reste le tourisme, un seul écomusée, un accueil hôtelier insuffisant en qualité et en quantité, aucun centre de formation dans le secteur touristique, un GR « qui n’est plus homologué », une offre limitée à la plongée et à l’observation des mammifères marins sur le lagon… le tableau dressé par Michel Ahamed est évocateur, « nous avons encore trop de problèmes internes à régler »…

Un autre pôle qui pourrait booster Mayotte, c’est son port. L’ambition portée par la société Mayotte Channel Gateway (MCG) sur le Canal du Mozambique était détaillée par Ida Nel, qui précisait que « les 27 ports de la côte est africaine sont tous saturés, et d’un autre côté, deux permis de forage ont été déposés sur Juan de Nova ». Des éléments qui doivent permettre à Mayotte de devenir « la base arrière des pays africains ».

Le lagon et ses atouts, dont les dugongs
Le lagon et ses atouts, dont les dugongs

Pour Raos, l’avenir de Mayotte se jouera entre la côte est africaine et Madagascar, « il faut que les Mahorais commencent par évoquer leur rêve pour cette île car comment partir à la conquête de la région quand on n’est pas bien dans sa peau »…

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

 

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