Comme partout en France, les policiers mécontents sont descendus dans la rue ce jeudi. A Mamoudzou, ils portaient, sous la pluie, des revendications nationales et locales.
C’est sans nul doute, à ce jour, la manifestation la plus arrosée de l’année. Sous des trombes d’eau, les policiers s’étaient rassemblés devant le commissariat ce midi… Un vendeur de parapluies à la sauvette qui passait par là, n’a pas osé traverser la rue pour faire quelques affaires !
Ce rassemblement s’inscrivait dans une journée d’actions nationale à l’initiative des syndicats Alliance-Police-nationale et SNAPATSI, son équivalent pour les personnels administratifs.
A Mayotte, les fonctionnaires de police se retrouvaient derrière deux types de revendications.
Des policiers «discriminés»
On trouvait d’abord les griefs nationaux. Il s’agit essentiellement du numéro RIO que les fonctionnaires de police sont désormais obligés de porter sur leur uniforme ou encore la «plateforme de dénonciation», ce site internet créé pour signaler d’éventuels abus des forces de l’ordre. Pour Rudy Roussel, le secrétaire local-adjoint d’Alliance, «ce sont deux mesures de stigmatisation des policiers. Aujourd’hui, n’importe qui peut dénoncer n’importe quoi et entraîner l’ouverture d’une enquête de l’IGPN alors que les moyens de contrôle de notre activité existaient déjà.»
Pour Alliance, ces mesures dévalorisent un peu plus la parole des policiers mais pire encore, elles contribuent à augmenter le mal-être de la profession. Une cinquantaine de suicides de fonctionnaires de police sont à déplorer chaque année.
Indexation et allocations familiales
A ce climat national se rajoutent des questions plus spécifiques à Mayotte également dénoncées lors de la manifestation arrosée de ce jour. Les fonctionnaires sous contrat, abusivement qualifiés de Mzungus (métropolitains), «devraient bénéficier de l’indexation. Mais nous n’avons encore rien touché !» souligne Ruddy Roussel. Après avoir effectué de nombreuses démarches auprès de leur administration, les policiers ont finalement lancé une procédure au tribunal administratif pour obtenir gain de cause : «ce qu’on demande, c’est le respect des textes.»
Une circulaire du ministère de la fonction publique datée du 18 septembre dernier confirme, en effet, que les policiers en poste à Mayotte doivent bénéficier de cette «majoration salariale».
Quant aux fonctionnaires «mahorais», ils dénoncent pour leur part le montant des allocations familiales qui leur sont versés, bien inférieures à celles de leurs homologues métropolitains, les conditions d’obtention des congés bonifiés ou encore l’ancienneté retenue par l’administration pour les policiers mahorais intégrés à la police nationale en 2004.
Enfin des sujets très spécifiques à l’exercice de la profession de policier à Mayotte étaient également soulevés. Ali Andjili, le secrétaire départemental Alliance, réclamait ainsi la mise en place d’un stand de tir spécifique pour la police, détaché de celui de la gendarmerie.
A 3 semaines des élections
Ce mouvement intervient à 3 semaines des élections professionnelles au sein de la fonction publique. Il s’agissait donc également pour le syndicat de se positionner fortement sur tous ces thèmes pour tenter de prendre l’avantage.
A Mayotte, le syndicat Alliance n’est pas majoritaire au commissariat et à la PAF. Mais il revendique aujourd’hui 90 adhérents sur un peu plus de 300 votants attendus. Il espère donc s’installer, dès ce mois de décembre, comme l’organisation syndicale centrale de la profession.
RR
Le Journal de Mayotte