Hausses de tarifs à Longoni : explications

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Le conseil portuaire doit se pencher sur de nombreuses questions relatives à la gestion du port par MCG et en particulier la nouvelle grille tarifaire applicable sur les services et les loyers. Les augmentations  font grincer des dents… qui se desserrent pour dénoncer des irrégularités.

Stackers portIls ne parlent que de chiffres. Les entreprises et les prestataires du port de Longoni n’en finissent plus de dépouiller la nouvelle grille tarifaire proposée par Mayotte Channel Gateway (MCG), le délégataire en charge de l’équipement. Ces nouveaux tarifs devaient être actés par le conseil portuaire de la semaine dernière mais, faute de quorum, leur éventuelle entrée en vigueur est suspendue à la nouvelle réunion convoquée pour le 8 décembre.

A Longoni, c’est la valse des tarifs et ce sont les hausses, parfois vertigineuses, qui ne manquent pas de faire réagir ceux qui dépendent des prestations de MCG.
Jusqu’à présent, les montants facturés étaient hérités de la gestion du port par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). Beaucoup sont donc revus à la hausse.

Dans la catégorie «utilisation des appareils de levage, manutention et remorquage», les postes connaissent ainsi des hausses comprises entre +25% et +500%. Du nettoyage des quais aux redevances de stationnement de véhicules à l’import comme à l’export en passant par les loyers, les augmentations sont parfois vertigineuses. Les deux restaurants de la «zone de vie» verraient ainsi leur loyer passer de 17€/m2 annuel à 1.900€/m2 soit une augmentation de 11.076% !

Les fournitures d’eau (+133%) et d’électricité (+200% des frais d’abonnement) n’échappent pas à cette forte inflation. Quant à la redevance pour les passagers au départ ou à l’arrivée, elle passe de 3,5€ à 10 € (+186%) pour les plus de 12 ans et de 1,5€ à 4,5€ pour les passagers entre 2 et 12 ans (+200%)… un débat est encours sur la validité de cette redevance appliquée aux enfants de moins de 4 ans.

Un bras de fer disproportionné

Face à ces tarifs, c’est la levée de boucliers des acteurs du port. Ils menacent de répercuter sur leurs prestations, ce qui, in fine, sera payé en caisse par le consommateur une fois les containers déchargés.

Dans un communiqué envoyé aux médias, Ida Nel, à la tête de MCG, se défend de vouloir impacter sur la vie chère en indiquant que les importateurs sont justement préservés de cette hausse, sous entendant que les intermédiaires vont devoir baisser leurs marges. Ce sera en effet inéluctable puisqu’un transitaire va voir le prix de location de son terrain passer de 12 000 euros à 400 000 euros… Rogner les marges ne sera pas suffisant et il se rattrapera forcément sur la facturation de ses prestations.

Surtout qu’un rapport émis en 2011 lors des manifestations de la Vie chère sur la demande des syndicats avait souligné un impact mineur des frais portuaires sur le prix de vente d’un produit, dont le montant est essentiellement induit par les taxes du Conseil général et les marges des commerçants importateurs.

Par ailleurs, il s’agit d’un simple rattrapage pour Ida Nel, « les loyers et les prix au m2 des terrains de la zone de Longoni n’ont jamais été révisés depuis 20 ans ». Il s’avère en effet que la Chambre de Commerce et d’Industrie alors gestionnaire n’avait pas revalorisé ses tarifs, « mais malgré tout, la CCI faisait des bénéfices avec les tarifs existants », affirme un acteur.

« D’autre part, on nous parle d’investissement, mais nous n’avons pas vu la moindre grue ».

Transposition de la lutte contre la vie chèrePOrt remorqueur

Il est difficile de comprendre pourquoi la réévaluation n’a pas été étalée dans le temps. Sur le port, on explique la hausse faramineuse des prix par l’impossibilité pour Ida Nel de défiscaliser sur l’achat du matériel pour lequel elle s’est engagée sur le cahier des charges de la gestion du port. Une défiscalisation dont les contraintes complexes l’auraient placées en concurrente du manutentionnaire SMART et aurait menacé des emplois.

Difficile là encore de penser que cette difficulté n’ait pas été perçue par le Conseil général et ses conseils lors de l’étude des réponses à la DSP (Délégation de Service Public).

Pour couronner le tout, les délais de dépôt de cette nouvelle grille tarifaire ne seraient pas respectés, « il aurait fallu les faire passer en Conseil portuaire avant le mois de septembre ». Certains consultent leurs services juridiques…

Les relations des acteurs portuaires avec les élus du Conseil général ne facilitent pas les choses, les seconds voyant les premiers comme une entité fermée, difficilement pénétrable, et qui dégage des marges conséquentes, « nous ne savons pas ce qui se passe au port », a justement souligné dernièrement Raos, Said Ahamadi, vice-président du CG. Et les premiers critiquant la taxation à l’importation imposée par les seconds. Un dialogue et un travail concerté sont indispensables pour parler d’une seule voix à l’extérieur de ce point stratégique qu’est le port.

La rédaction
Le Journal de Mayotte

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