La ligne haute tension Longoni-Kawéni entre en service pour sécuriser le réseau électrique de Myotte. La fin d’un projet de 30 millions d’euros pour EDM avant le lancement d’un autre chantier colossal vers Sada.
Ce mercredi, dans la nuit, Mamoudzou a été alimentée pour la première fois par les 90.000 volts de la ligne haute tension qui relie les centrales thermiques de Longoni aux transformateurs de Kawéni. «Nous poursuivons les essais, nous finalisons les protocoles et d’ici fin décembre, la nouvelle configuration du réseau entrera dans un rythme de croisière», se félicite Georges Torino, responsable réseau et systèmes à EDM.
Pour l’électricien mahorais, c’est «une grande fierté» de mettre en service la toute 1ère ligne haute tension jamais construite sur les îles de l’Outre-mer français. Le nouveau directeur général d’EDM, Yacine Chouabia, avait convié la presse ce jeudi matin pour présenter les équipements flambant neufs qui entrent peu à peu en service. Ils doivent permettre non seulement de sécuriser le réseau mais aussi d’accompagner le développement du département. «C’est un bon pari pour Mayotte qui doit nous permettre d’être sereins pour les 10 prochaines années», affirme Yacine Chouabia alors que la consommation d’électricité augmente de 6,5% par an depuis 2010.
Nec plus ultra de la technologie
La ligne 90.000 volts avec ses 33 pylônes, ses 300 tonnes d’acier, ses 50 kilomètres de câble et ses 10 millions d’euros d’investissement a été mise sous tension le 5 novembre dernier. Le courant produit à Longoni est désormais acheminé à Kawéni où deux «postes sources» transforment les 90.000 volts en 20.000 volts pour acheminer le courant vers les clients avant que d’autres transformateurs plus petits nous permettent d’accéder à du 220 volts.
«Ces deux postes sont le nec plus ultra de la technologie de transformation, une avancée significative pour Mayotte», se félicite Yacine Chouabia. Ce grand bond technique nécessite un peu de temps pour que les équipes d’EDM maîtrisent les équipements. Les deux coupures que nous avons connues au début du mois de novembre ne sont d’ailleurs pas étrangères à ce basculement technologique.
Ces transformateurs, installés dans un bâtiment de Kawéni, à proximité du nouveau siège de la société, «ronronnent» tout en douceur, un bourdonnement qui atteste de leur bon fonctionnement. Et pour le commun des mortels, impossible d’imaginer que ce sont 20 millions d’euros d’investissement qui ont été nécessaires pour qu’EDM, Eiffage énergie et leurs partenaires parviennent à les mettre en service.
Compensation écologique
Pour EDM, le raccordement de la ligne haute tension est aussi l’occasion de rappeler son engagement environnemental. Deux associations ont été impliquées sur le chantier –les naturalistes et le Gepomay- pour en limiter l’impact. Mille arbres ont été coupés mais un programme de 2.000 replantations a été engagé. L’intervention de l’hélicoptère pour construire les pylônes a aussi permis d’éviter la réalisation de pistes pour acheminer le matériel. «Pour nous, c’est un modèle de concertation que l’on veut reproduire au moment où on organise les premières réunions pour la 2e ligne haute tension de Mayotte qui reliera Longoni à Sada», souligne Yacine Chouabia.
Ce nouveau chantier colossal devrait démarrer au 2e semestre 2015 pour une mise en service en 2018.
Développement numérique
Deux autres dossiers importants focalisent également l’attention d’EDM pour les mois et années à venir. Le projet Opéra, la création d’une gigantesque batterie, qui permettrait de fluidifier les apports de l’énergie solaire dans le réseau, n’attend plus que les textes du gouvernement.
«EDM pourrait aussi paraphraser le slogan d’EDF en métropole qui dit ‘nous vous devons plus que la lumière’, conclut Yacine Chouabia. Nous participons également au développement numérique de Mayotte. Nous sommes en négociation très avancée avec SFR pour l’utilisation de la fibre optique de notre réseau». Après la haute tension, c’est le très haut débit que pourrait apporter EDM à notre département.
RR
Le Journal de Mayotte.