Comme chaque année, la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes est l’occasion de témoignages forts, de victimes à visage découvert, pour inciter la libéralisation de la parole. Des actions sont mises en place par l’Etat.
A Mayotte, 120 femmes ont déposé plainte en 2013 pour des faits de violences conjugales, elles sont 122 en 2014 alors que l’année n’est pas terminée.
A cet accroissement, plusieurs raisons pour Sylvie Especier, sous préfète en charge de la Cohésion sociale et de la Jeunesse, « les campagne de communication ont porté leur fruit, et les femmes osent plus qu’avant en parler. Nous récoltons également le travail des unités spécialisées dans les violences intrafamiliales, et un partenariats accru avec les éducateurs et travailleurs sociaux des associations spécialisées dans ce domaine ».
Qu’on invoque la religion ou la culture n’y change pas grand chose, à Mayotte comme en métropole, beaucoup de femmes rechignent encore à dénoncer un conjoint qu’elles voient avant tout comme le père de leurs enfants. Le gouvernement a donc sorti un Plan, le 4ème du nom, visant à organiser l’action publique pour qu’aucune violence déclarée ne reste sans réponse, et mettre la victime à l’abri.
Un projet de vie
Un accueil de jour anonyme sera d’ailleurs mis en place à Mayotte, car seulement 5 appartements sont destinés à prendre en charge les victimes. Mais sortir du cercle de la violence pour une femme, c’est avant tout rompre le silence, « et surtout avoir un projet de vie à côté, avec une autonomie sociale et financière », précisait la sous-préfète.
Un livret, résumé de l’exposition qui tourne depuis deux ans à Mayotte, porteuse de témoignages de victimes de violences, servira de document pédagogique.
Les participants et participantes étaient d’ailleurs présents ce mardi après-midi dans la salle des Mariages (ça ne s’invente pas !) de la mairie de Mamoudzou. Des témoignages forts. De celle que l’on surnomme madame docteur d’abord qui relate des années de persécution du lever au coucher du soleil, « j’étais à la fois le père et la mère » dira-t-elle plusieurs fois pour évoquer cette union complexe qui la laissera handicapée d’une main.
« On part affaiblie dans la vie »
C’est une maman, victime d’agressions sexuelles quand elle était jeune ensuite, « des parents qui nous demandent de nous taire alors qu’ils sont censés veiller sur nous », rapporte-t-elle tout en leur demandant pardon. « On part ensuite affaiblie dans la vie, en cherchant une protection, celle d’un partenaire bien souvent pas idéal ».
Difficile de donner un état des lieux car, des statistiques, il n’y en a pas à Mayotte. En France, tous les trois jours, une femme décède sous les coups de son compagnon, 10% des femmes sont victimes de ces violences, elles sont 15% en Outre-mer en 2013.
Une enquête a donc été commandée à Mayotte, mais elle est en cours de dépouillement. Les premiers résultats, basés sur 63% des réponses attendues, donnent 20% de victimes de violences conjugales, et 10% ayant été abusée sexuellement par leur conjoint.
Pour les infirmiers libéraux, représentés par M. Allaoui, tout ça, c’est du vécu, mais sans moyens pour y remédier, « nous allons vous insérer au plan de prévention », indique Moinaécha Noéra Mohamed, Déléguée au droit des femmes à la préfecture de Mayotte.
La réussite du travail entrepris ne portera ses fruits qu’avec une information au plus prés de la population, grâce aux spots TV en cours certes, mais aussi, à l’intérieur des MJC ou sous les arbres à palabres. Pour expliquer aux femmes que, comme le soulignait Sylvie Especier, « une situation de violence intrafamiliale, quand elle est installée, ne s’éteint jamais ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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