«Les patients doivent être des acteurs responsables de leur santé et de leur sécurité»

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Le CHM organisait une conférence à l’occasion de la semaine de la sécurité des patients. A Mayotte aussi, on découvre que rester à l’hôpital, ce n’est pas forcément gage de meilleur rétablissement.

François Clouet présente les détails des protocoles de la chirurgie ambulatoire à Mayotte
Françoise Clouet présente les détails des protocoles de la chirurgie ambulatoire à Mayotte

En matière de santé, les clichés ont la vie dure. On estime ainsi que rester longuement à l’hôpital après une intervention chirurgicale est le meilleur moyen de se rétablir. Les professionnels de santé rassemblés au CHM à l’occasion de la semaine de la sécurité des patients ont démontré le contraire.

A l’occasion d’une conférence, ils ont détaillé deux pratiques nouvelles qui visent à responsabiliser les patients en les faisant séjourner le moins longtemps possible à l’hôpital. Le but est de transformer le malade passif en patient «acteur de plein droit et de 1er rang de sa santé et de sa sécurité», selon Anne Rousselot, directeur adjoint du CHM chargée de la qualité.

Il était d’abord question de la chirurgie ambulatoire. La pratique est récente à Mayotte puisqu’elle n’existe que depuis un an. L’idée est de permettre au patient qui vient se faire opérer de repartir le soir-même chez lui. « L’argent n’est pas un critère, précise Anne Rousselot. Le choix de la chirurgie ambulatoire ou classique est pris exclusivement en fonction du patient.»

Pour Anne Rousselot, "la chirurgie ambulatoire n'est pas une chirurgie au rabais"
Pour Anne Rousselot, « la chirurgie ambulatoire n’est pas une chirurgie au rabais »

Un protocole très rigoureux

En ambulatoire, rien ne change lorsque le patient est à l’hôpital pour se faire opérer. La différence par rapport à une chirurgie classique se situe avant et après cette journée. Il est d’abord parfaitement informé de la démarche et se voit délivrer un «passeport ambulatoire» bilingue Français-Mahorais qui rassemble les informations indispensables. L’hôpital lui passe un coup de fil la veille de l’intervention pour, à nouveau, lui délivrer les consignes, par exemple sur le jeûne ou la douche antiseptique.

Après l’opération, au moment de quitter l’hôpital, il doit être accompagné par une personne qui va rester avec lui toute la nuit pour prévenir tout risque de complication. Enfin, l’hôpital le contacte à nouveau le lendemain pour savoir comment il se sent. Les soins complémentaires éventuels sont effectués par des infirmiers libéraux.
Voici résumé rapidement une démarche issue d’un protocole extrêmement rigoureux qui fait du patient le premier responsable de sa sécurité.
«Le but est vraiment d’améliorer la qualité des soins et c’est particulièrement vraiment vrai pour les personnes âgées ou les enfants dont l’éloignement du domicile est très perturbant», relève Françoise Clouet, cadre de santé au CHM.

Christophe Najem Céline Marie et Nathalie Marchiset, pharmaciens au CHM tissent des liens avec les professionnels de santé libéraux
Christophe Najem et Nathalie Marchiset, pharmaciens au CHM, entourent Céline Marie, préparatrice en pharmacie. Leur objectif : tisser des liens avec les professionnels de santé libéraux

Tout le monde y gagne

Si le patient y gagne, c’est aussi le cas de l’hôpital. La chirurgie ambulatoire se généralise d’ailleurs dans tous les pays développés et la France accuse un certain retard qu’elle commence à combler.

«Cela permet de recentrer l’hospitalisation complète sur ceux qui ne peuvent pas rentrer à domicile. Il est hors de question de faire des économies sur le dos des patients. Avec la chirurgie ambulatoire, ce qui est économisé, c’est lorsque l’hôpital se transforme en hôtel. Le reste, que ce soit le traitement, l’intervention ou le suivi reste le même. D’ailleurs, si le chirurgien ou l’anesthésiste estiment que le patient ne peut pas rentrer chez lui, il reste à l’hôpital», précise Anne Rousselot.

Des chimiothérapies à la maison

Dans cette même logique, les traitements des cancers ne se font plus systématiquement à l’hôpital. Les chimiothérapies étaient encore, il y a quelques années, exclusivement réalisées dans un service avec des perfusions. Aujourd’hui, les chimiothérapies par voie orale ont tendance à se développer. Là encore, le patient doit être responsabilisé car même si le traitement n’est plus qu’un comprimé, il reste lourd et doit être pris de façon très rigoureuse.

Pour que le patient devienne un acteur responsable, la pharmacie du CHM a élaboré des «fiches conseils» sur chaque traitement de cancérologie qui permet au malade de disposer des données nécessaires : quand et comment prendre son médicament, quels effets secondaires sont susceptibles de se produire et comment réagir et qui prévenir en cas de doute. «Nous nous lançons dans une véritable démarche d’éducation thérapeutique aussi bien auprès des patients que des soignants», relève Nathalie Marchiset, pharmacienne au CHM.

Renforcer les liens entre libéraux et hospitaliers

Cette conférence a ainsi permis aux libéraux et aux hospitaliers de prendre attache pour finaliser ensemble ces fiches et ainsi disposer des mêmes outils. «Le patient aura ainsi précisément accès à la même information –en Français et en Mahorais- qu’il soit avec son médecin, son pharmacien ou son infirmier.»

Ces contacts sont également un des objectifs de cette semaine de la sécurité des patients, une action pilotée par le ministère de la santé. Pharmaciens, médecins, infirmiers, kinés… peuvent ainsi échanger et renforcer des liens qui sont parfois assez distendus entre les libéraux et les hospitaliers. Pour les patients qui passent de l’hôpital à leur domicile, bénéficier d’équipes médicales liées dans une même démarche, c’est aussi un sentiment de sécurité renforcée.
RR
Le Journal de Mayotte

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