On n’avait plus vu leur foulard sagement noué autour des épaules depuis 2011 : les scouts font leur retour en force depuis deux mois à Mayotte, et en accueillant toutes les communautés.
Nicolas et Irène Lejosne vivent à Mayotte depuis bientôt quatre ans. Ils ont donc eu le temps de prendre la mesure des besoins de la jeunesse du territoire, quelque soit son origine : « nous avons réfléchi à une activité qui les occuperait intelligemment, en proposant une mixité des milieux, métropolitains, mahorais, malgaches… ».
Le scoutisme leur semble le bon biais, et les Scouts de France la bonne voie, « un mouvement catholique qui n’est pas un mouvement de catholiques ». Si sur le plan éducatif, la spiritualité est essentielle, « même pour les personnes athées », elle est conçue là en interreligieux.
Trois référents spirituels accompagnent donc le mouvement, un aumônier, un imam et un pasteur. « Les temps spirituels sont organisés autour de textes communs aux protestants, aux musulmans, aux catholiques mais aussi aux non croyants », précise Nicolas Lejosne.
Développement physique et spirituel
Car autant chez les jeunes que parmi les chefs, beaucoup sont non croyants, « et il y a plus de musulmans chez les scouts de France en métropole que dans le mouvement musulman ».
Le Scoutisme Français fédère en effet cinq mouvements : les Éclaireurs de France, laïques, les Éclaireurs Unionistes de France, protestants, les Éclaireurs Israélites de France, Juifs, les Scouts et Guides de France, catholiques, les Scouts Musulmans de France, musulmans.
Associé dans l’imaginaire collectif à l’aventure et à l’entraide, le Scoutisme est né en 1907 en Grande-Bretagne, après le succès du premier camp scout expérimental organisé par Baden-Powell.
Il a l’avantage d’être à la fois un mouvement international de jeunes, avec plus de 36 millions de filles et garçons vivant dans plus de 216 pays et territoires, un mouvement ouvert à tous, sans distinction d’origine ou de croyance, un mouvement de jeunes qui a pour but leur développement physique, intellectuel, social et spirituel et un mouvement de bénévoles, non politique et non gouvernemental.
Depuis 2007, et faute de disponibilité d’encadrants, il n’y avait plus de scouts à Mayotte. Deux mois après avoir relancé le mouvement, 80 jeunes se sont inscrits, « dont une vingtaine de mahorais musulmans issus du mouvement des Eclaireurs et une quarantaine de malgaches ».
Un délégué national est venu il y a deux semaines pour rencontrer la préfecture, les cadis, l’Aide sociale à l’Enfance et les associations qui travaillent dans ce secteur.
Trois unités ont été créées, « les Louveteaux-Jeannettes qui concernent les enfants du primaire, les Scouts-guides pour les collégiens et les Pionniers Caravelle chez les lycéens. Une quatrième est même en cours de création, chez les Jeannettes », précise Irène Lejosne. Les frais d’inscriptions sont étudiés au cas par cas par l’encadrement pour n’exclure personne.
Le succès du lancement doit cependant être accompagné, et si beaucoup de jeunes adultes ont déjà décidé de s’y investir avec 12 chefs et 7 responsables, il manque encore quelques chefs et cheftaines*, « des jeunes de plus de 22 ans », et des locaux en Petite Terre.
Les jeunes ont déjà pu se réunir trois fois, « donc l’une avec les louveteaux et les Jeannettes au lac Dziani et à Moya, et un pique-nique pointe Mahabou pour les scouts et pionniers ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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