Les présidents des fédérations et des ligues de football de l’océan Indien se sont retrouvés ce week-end à Mayotte. Le Comorien Salim Tourqui devient président de l’Union des fédérations de football (UFFOI) de la région. Il a accordé un entretien au JDM.
Mamoudzou, capitale institutionnelle du football de l’océan Indien le temps d’un week-end. Les présidents des fédérations et des ligues de football des Seychelles, de Madagascar, des Comores, de La Réunion et de Maurice ont rejoint Mayotte, dans sa capitale, pour une après-midi de travail. C’était en effet au tour de notre département d’accueillir un séminaire de l’UFFOI, l’Union des fédérations de football de l’océan Indien, et pas n’importe lequel : il s’agissait de la session élective de l’instance, destinée à renouveler son président.
Salim Tourqui, le président de la fédération comorienne de football a été élu et prend ainsi la suite du président malgache. L’élection s’est faite à l’unanimité… moins une voix, celle de La Réunion. L’île Bourbon est en effet privée de ligue après décision judiciaire et ne pouvait pas prendre part au vote. Mohamed Boinariziki, le président de la ligue de Mayotte de football (LMF) décroche la 1ère vice-présidence tandis que le Mauricien Sengayen devient 2e vice-président.
A l’issue de cette après-midi de travail, le président nouvellement élu de l’UFFOI a accordé une interview au Journal de Mayotte.
Le JDM : Vous prenez la tête de l’UFFOI, une instance encore jeune qui a besoin de faire ses preuves.
Salim Tourqui : Une instance jeune mais unie, puisque j’ai été élu par 5 voix sur les instances qui étaient présentes, la 6e étant La Réunion qui n’a pu participer au vote. Je voudrais aussi saluer les deux vice-présidents, le Mahorais Boinarizii et le Mauricien Sengayen ainsi qu’Ismael Locate, le secrétaire général de l’UFFOI.
Nous avons mis en place (en 2011) des compétitions interclubs que je voudrais élargir au football féminin, au beach-soccer et aux U15. Nous devons également travailler à la formation des arbitres et des entraineurs.
En tant que membre de la FIFA, j’ai la chance de côtoyer Michel Platini qui est un ami. Il m’a promis de visiter les Comores en 2015… J’aurai des projets à lui soumettre !
Le JDM : La fédération international de Basket-ball Afrique (FIBA) vient d’accorder à Mayotte le droit de participer à la Coupe d’Afrique des Clubs Champions. Une reconnaissance de Mayotte par la CAF ne pourrait-elle pas être à l’ordre du jour ?
Salim Tourqui : Nous sommes une instance apolitique. J’ai soutenu La Réunion pour qu’elle devienne membre associée de la COSAFA (la confédération du football de l’Afrique australe qui comprend 14 membres). On a également obtenu que La Réunion participe à la coupe d’Afrique des clubs champions de la CAF.
Le JDM : Dans notre région, quels sont vos projets ?
Salim Tourqui : Je compte œuvrer pour que l’UFFOI devienne une sous-commission de la CAF pour qu’on puisse bénéficier des ressources de la FIFA. Et dès mon élection, j’ai tracé des perspectives pour l’année 2015 : des compétitions de football féminin aux Comores, en U15 à Mayotte et en Beach soccer aux Seychelles.
Je souhaite aussi que nous ayons des sponsors. Notre budget provient en effet des cotisations et ce n’est pas suffisant.
Le JDM : Quel regard portez-vous sur le football dans notre région ?
Salim Tourqui : D’abord, je suis très critique à l’égard des autorités mahoraises qui n’accompagnent pas la ligue dans la sécurisation des compétitions. Il y a des violences qui sont commises pendant les matchs de football à Mayotte. Quand il y a des matchs dans les villes et les villages, la gendarmerie et la police doivent accompagner la ligue de Mayotte pour faire cesser ces violences.
Aux Comores, on a fait un partenariat avec l’armée pour sécuriser nos matchs qui se déroulent pourtant dans des enceintes grillagées. Mais il y a des délinquants partout.
D’un point de vue plus directement sportif, je trouve que le niveau est toujours bas. Nous sommes contraints de prendre nos élites expatriées pour faire notre équipe nationale. D’où l’importance de la formation.
Pour les Comores, je compte demander aux instances internationales des donner des techniciens pour la formation et de saisir le Qatar pour nous accompagner en équipements et en infrastructures. Ca fait partie des priorités. Car s’il y a des violences, c’est aussi, parfois, parce que le niveau des arbitres pose problème. C’est le niveau général qui doit monter.
Entretien réalisé par Rémi Rozié
remi@lejournaldemayott.com
