Cavani et Tsoundzou: la justice face aux violences du week-end

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CARNET DE JUSTICE DU JDM. Deux faits divers particulièrement violents ont alimenté la chronique de la délinquance ce week-end à Mayotte. Certains de leurs auteurs présumés ont été interpellés et se retrouvaient en comparution immédiate, ce lundi après-midi au tribunal de Mamoudzou.

Salle d'audience code pénalOutre la jeunesse des prévus, 18 et 19 ans, ces deux événements ont en commun d’avoir «gravement porté atteinte à la sécurité des personnes». «On est un pays de liberté, a rappelé le président. On a le droit de sortir de chez soi, quelques soit l’heure, sans être attaqué.»

Samedi soir, à Cavani, l’explosion d violence de V.H. laissait pourtant supposer le contraire. Tout commence à un peu avant 18 heures. Il a descendu avec des amis une bouteille de rhum auquel avait été ajoutée «une drogue chimique»… sans qu’il sache très bien de quoi il s’agissait. L’effet est radical. V.H. donne un coup de couteau à deux personnes avant de frapper sa mère et de mettre le feu au banga dans lequel se trouvaient quelques-uns de ses 7 frères et sœurs.
Un policier fera également les frais du «pétage de plomb» du jaune adulte, blessé au moment de l’interpellation par un jet de pierre.

8 condamnations au compteur

Le jeune homme risque gros, 10 ans de prison, et il a déjà un chapelet de condamnations sur son CV judiciaire, le seul dont il dispose : huit mentions principalement pour des vols aggravés qui lui ont même coûté de la prison ferme. Mais ce sont les peines avec sursis données par le tribunal des mineurs qui intéressent la cour : V.H. est en état de récidive légale et le juge d’application des peines (JAP) a donné un avis favorable à la révocation du sursis. Ces peines pourraient donc se transformer en prison ferme qui s’ajouterait à une éventuelle nouvelle condamnation.

Salle TGI Code pénalV.H. n’a pas souhaité être jugé en comparution immédiate, ce lundi après-midi. Comme la loi l’y autorise, il a demandé un renvoi du procès pour préparer sa défense. Au regard de ce qui s’apparente «à des actes de guerre», selon les mots du procureur Alik, V.H. est placé en détention provisoire à Majicavo jusqu’à son procès prévu pour la fin du mois de mars. Une expertise sera réalisée pour permettre au tribunal d’y voir un peu plus clair sur son état psychique.

La boulangère agressée pour 8 euros

La 2e affaire du week-end s’est déroulée dans la nuit de samedi à dimanche, entre Tsoundzou et Doujani. Le mis en cause passe pour la première fois devant la justice, il n’est manifestement pas un habitué des scènes de violence. Il s’en est pourtant pris, avec un ami, à une jeune femme qui tient une boulangerie à Tsoundzou.

Peu après 23 heures, il entreprend de suivre la jeune femme qui vient de fermer le magasin. Elle rentre chez elle et décide d’aller chercher du lait dans une boutique qui ouvre tard. Elle s’aperçoit rapidement qu’elle est suivie par deux hommes dont un individu habillé d’un sweat-shirt rayé à capuche, une tenue qu’il porte encore à l’audience. Les deux individus font tomber la jeune femme à terre, l’attrapent par le cou, l’empêche d’appeler à l’aide, la menace d’un couteau parlant de la tuer ou peut-être de la violer. «On avait besoin d’argent», explique le jeune homme. La boulangère n’avait pourtant que 8 euros dans la poche.
C’est l’arrivée d’un véhicule qui met les deux agresseurs en fuite. Seul l’un des deux a été interpellé plus tard dans la nuit.

Atteinte à la cohésion sociale

«On ne peut plus se promener, après minuit, quand on est une femme ?», s’indigne le procureur pour qui «il y a une atteinte grave à la cohésion sociale.» Il demande 2 ans de prison dont 6 mois ferme.
«Non, le département n’est pas en état de siège, une situation à laquelle participerait mon client, répond Me Hassan, l’avocate du jeune homme. Une condamnation trop lourde ne va pas changer la face de la sécurité mahoraise.» Elle parle d’insertion et d’avenir pour un jeune homme qui a à peine 18 ans et demi.

Le tribunal va condamner le prévenu à 1 an de prison avec sursis, 180 heures de travail d’intérêt général, interdiction d’entrer en contact avec la victime et obligation de l’indemniser à hauteur de 1.000 euros de dommages et intérêts. Le tribunal a également orienté la jeune femme vers l’ACFAV, l’association d’aide aux victimes. Visiblement particulièrement choquée par son agression, elle pourra bénéficier d’un soutien approprié.
RR
remi@lejournaldemayotte.com

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