Une brigade à Koungou et des gendarmes originaires de l’île dans les unités, deux doléances qui pourraient être entendues par un Commandant de la Gendarmerie Outre-mer venu pour écouter et faire remonter.
La brigade territoriale de Mtsamboro est un peu celle du bout du monde… Ce n’est pas le nombre de kilomètres qu’il faut estimer pour la rejoindre, mais le temps passé à dénouer les lacets routiers. Un problème d’ailleurs dans le cadre de ses liaisons avec le parquet dont elle n’est éloignée que de 35 km, mais une heure par la route.
Constituée de 10 gendarmes permanents et commandée par le major mahorais Ahamadi Boura, c’est la plus petite des 5 brigades territoriales de Mayotte. C’est justement par elle que le général Bertrand Soubelet, Commandant de la Gendarmerie Outre-mer depuis le 1er septembre 2014, a tenu à commencer la visite de ses unités mahoraises.
Arrivé vers 8h30 en hélicoptère ave le colonel Jean Gouvard et le Commandant Boura, il a été accueilli par le collier de fleurs traditionnel avant de visiter rapidement la brigade, pour réserver du temps à des échanges avec les militaires.
S’il a commencé gendarme mobile à Mont de Marsan, ses quatre étoiles (il en existe cinq) lui confère aujourd’hui à 55 ans le grade de général de corps d’armée. C’est alors qu’il commande le groupement du Vaucluse en 1999 qu’il fait la connaissance du chef de cabinet de la ministre de la Justice Elisabeth Guigou, un certain Seymour Morsy… préfet de Mayotte avec lequel il a échangé ce matin après avoir rencontré hier les responsables de la zone Océan Indien.
Accueillir les gendarmes en son sein
Nommé il y a donc seulement 3 mois, il déclare vouloir commencer ses voyages « par des régions à enjeux » : « la Nouvelle Calédonie pour la transition institutionnelle, la Guyane pour l’orpaillage illégal et le défi démographique, et Mayotte pour la même évolution démographique couplée à l’immigration clandestine ».
Il le dit, la recette ne tient pas dans sa seule main de gendarme, « nous parons au plus pressé. Il faut combattre les causes en amont, c’est un problème diplomatique ». Son champ d’action, c’est de faire remonter à Paris comme il l’a fait après son passage en Guyane en interpellant les ministres de la Justice et des Outre-mer sur la prévention et l’accompagnement des mineurs. « Je vais faire la même piqûre de rappel pour Mayotte, mais je veux auparavant m’imprégner des réalités de terrain ».
Le terrain justement est mal couvert, et l’implantation de nouvelles brigades tarde. « Je sais que notre dispositif actuel à Mayotte ne colle pas à la réalité. Mais, si en métropole les collectivités nous ouvrent les bras, il n’y a pas de volonté localement de nous accueillir, pas d’habitude d’aller vers l’Etat ».
Sans langue de bois
La brigade mainte fois annoncée à Koungou est en passe de devenir une réalité : « nous avons le foncier, et les autorités devraient nous délivrer une autorisation d’ici quelques semaines. »
Un échange franc et direct avec les journalistes, inhérent à son personnage, et qui lui avait d’ailleurs valu d’être écarté de son poste de numéro 3 de la Gendramerie nationale, pour une interprétation politique de ses propos sur l’insécurité et le sentiment d’insécurité qu’il liait « à la réponse collective à la délinquance »…
Le général Soubelet a ensuite écouté les doléances du Commandant Boura, dont l’une est urgente selon ses mots : « le recrutement de deux gendarmes originaires de l’île car la plupart des personnes à qui nous avons affaire ne parlent pas français. C’est un problème énorme ! ». La matinée s’est poursuivie par un échange avec les gendarmes permanents de Mtsamboro.
Ils se sont ensuite rendus à Sada pour une rencontre avec les gendarmes mobiles, et pour annoncer notamment la création d’un centre de logement pour les militaires de la commune.
Le séjour du général Bertrand Soubelet se conclura vendredi par une conférence de presse.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte