Il vendait de petites quantités de bangué mais son trafic était bien implanté à Mgombani depuis des années. Un homme a été condamné ce vendredi à 6 mois de prison ferme avec mandant de dépôt et 6 mois avec sursis.
CARNET DE JUSTICE DU JDM. La nuit à Majicavo n’a pas dû être facile. Z.A. ne s’attendait sûrement pas à devoir un jour y dormir et cette nuit n’était que la première.
Il s’est fait interpellé il y a 3 semaines, le 19 novembre, une première fois. Des policiers sont en patrouille dans le quartier Jamaïque de Mgombani. Il est 15h40 lorsqu’ils aperçoivent, à côté d’un brochetti, un véhicule qui s’arrête et un homme qui s’en approche. Le chauffeur donne alors un billet à l’individu qui lui tend, en échange, un tube marron. Les policiers interviennent. Le vendeur est porteur de deux autres tubes et les analyses confirmeront qu’il s’agit bien de cannabis. «C’est pour ma consommation personnelle», indique l’homme, une ligne de défense bien connue.
Anaïs, Natacha, Hamada et les autres
Mais les gendarmes vont aussi questionner l’acheteur. Il raconte qu’il vient de lui acheter pour 10 euros de bangué. Z.A. est placé en garde à vue. En plus de ses déclarations, les policiers exploitent son téléphone portable. Ils y trouvent le message d’une certaine Anaïs : «Possible de se voir ce soir à 19 heures ?» Il ne s’agit pas d’un rendez-vous entre amis mais bien de convenir d’une transaction. «Je lui ai vendu peut-être 3 fois», finit-il par expliquer. «Ce n’est pas ce qui Anaïs», relève le président qui fait le récit de la rencontre entre une jeune métropolitaine qui vient d’arriver à Mayotte et celui qui va devenir son fournisseur de bangué.
Le premier contact a eu lieu dans un brochetti et depuis le mois de juin, elle lui achète pour 10 euros l’unité, 3 tubes toutes les deux semaines environ. Le scénario est toujours le même : elle envoie un texto, le rendez-vous est confirmé, l’échange peut se faire.
Il y a aussi une certaine Natacha, puis un Hamada ou encore un Abou… Z.A. est un vendeur régulier, cela ne fait plus aucun doute.
Tentative de fuite
Les policiers vont aller plus loin. Alors ue le téléphone de Z.A. ne cesse de sonner pendant les interrogatoires, ils décident de décrocher et de fixer rendez-vous à de nouveaux acheteurs. Les enquêteurs n’ont plus aucun doute sur la culpabilité du mis en cause.
Pourtant, Z.A. va encore accabler son cas, et de multiples façons. D’abord, lors de la prolongation de sa garde à vue, il se lève brusquement, ouvre la porte du bureau et tente de s’enfuir en courant… Le type d’attitudes qui fait mauvais genre devant un tribunal.
Réinterpellé mercredi
Ensuite, il ne va pas se conformer aux demandes de la justice. Déféré le 21 novembre, le juge de la détention va lui faire confiance. Il le place sous contrôle judiciaire avec l’interdiction de se rendre à Mgombani… Pas de chance pour lui, la police a mis en place une opération de surveillance du quartier pour traquer le trafic de stupéfiants. Ils planquent avec de super appareils photos et les 25 et 27 novembre puis le 1er décembre, surprise : ils photographient Z.A., dans le quartier Jamaïque… en pleine vente de tubes en carton marron.
Deux autres hommes font également leurs petits trafics à cet endroit. Ils indiqueront à la police que Z.A. «ne vend pas tous les jours» mais il est présent «depuis plusieurs années». «Pas de grosses quantités», complète la procureure Prampart mais «un trafic bien implanté» qui lui permet «d’agir en confiance.» Il est interpellé une 2e fois ce mercredi.
Le temps d’assumer
A la barre, Z.A. demande un travail d’intérêt général, ce qui a le don d’énerver la procureure. «En général, les prévenus demandent ça pour sauver leur peau !» Z.A. ne peut pas être condamné à un TIG, il est en situation illégale.
Finalement, le tribunal ne va pas retenir les preuves apportées grâce à l’exploitation du téléphone portable, estimant qu’elles ont été provoquées. Mais les éléments sont suffisants pour envoyer Z.A. à Majicavo. Six mois de prison ferme plus six mois avec sursis et mandat de dépôt. Z.A. a donc dormi à Majicavo la nuit dernière.
Et si pendant toute l’audience, il a essayé de parler doucement en shimaoré au traducteur pour ne pas que la famille entende dans la salle, tout le monde a bien compris qu’il avait été condamné à de la prison. Finies les dissimulations, le temps est venu d’assumer.
RR
Le Journal de Mayotte