L’eurodéputé Younous Omarjee vient d’entrer dans la danse des revendications du juste montant des fonds européens pour Mayotte. Il arrive en appui du président du département qui revendique auprès de la ministre des Outre-mer la part du gâteau des fonds européens pour Mayotte… « Arrêtons les postures! » répond le ministère.
Un échange épistolaire oppose depuis quelques jours le président du Conseil général Daniel Zaïdani et George Pau Langevin. Le premier reproche au gouvernement de n’avoir pas défendu l’enveloppe des 44 millions d’euros de compensation des surcoûts pour éloignement, quand la ministre assure que Mayotte n’est pas lésée, appelle à faire fi du passé, à avancer en mobilisant les énergies sur la consommation des fonds, et parle de « polémique ».
Younous Omarjee revient dans un communiqué sur la genèse des discussions sur les fonds alloués à Mayotte, en rappelant son implication lorsqu’il a senti que le territoire allait être victime de sa propre désorganisation. Mayotte venait d’être département, puis encore plus récemment Région européenne (RUP) lorsque les montants se négociaient
« Constatant à ce moment-là que Mayotte se voyait attribuer une enveloppe forfaitaire de 200 millions d’euros, j’ai réagi et saisi par courrier le Président de la République, alors en charge de ces négociations pour la France » dans lequel il appelait « à ne pas céder et à continuer à défendre une dotation pour Mayotte qui soit conforme à celle à laquelle Mayotte aurait pu prétendre ».
« Younous Omarjee n’a pas obtenu la majorité sur la question de Mayotte »
Ce ne fut pas le cas, et la mise en garde du député sur « une dotation de 200 millions d’euros (qui) se traduirait dans la durée par une suite de problèmes en cascade », a été confirmée.
Mais le ministère de l’Outre-mer (MOM) joint par téléphone, nous apprend que « Younous Omarjee n’a pas obtenu de majorité au Parlement sur ce sujet à l’époque », alors que « le principe de l’enveloppe forfaitaire a obtenu le consensus des Parlement et Conseil européens ». Il en découlait, selon Paris, l’abandon de l’enveloppe de 44 millions pour surcoût, « qui n’aurait de toute manière pas permis de construction d’infrastructures en dur ».
Les ministres qui se succèdent à Mayotte depuis Paris préfèrent parler de dotations vingt à trente fois supérieures au traditionnels Fonds européens de développement (Fed) dont bénéficiait jusqu’à présent notre territoire, quand il a justement perdu cette somme dans la bagarre, puisque « ce sont 300 millions d’euros de fonds européens » qui manquent à Mayotte, toujours selon Younous Omarjee.
Les fonds européens s’invitent aux « départementales »
Son soutien arrive à point nommé pour Daniel Zaïdani alors que se prépare activement la campagne pour les élections départementales de mars 2015. Il intervient surtout dans le cadre du partenariat que l’eurodéputé, proche de Mélenchon, avait scellé pour les municipales avec le Mouvement pour le Développement de Mayotte, parti centriste du président du CG : un soutien qui n’avait pas vraiment réussi au MDM, mais un soutien donnant-donnant alors que les européennes avaient suivi, marquant la réélection de Younous Omarjee.
Malgré l’engagement du député européen dès la première heure pour éviter l’injustice actuelle, on ne voit pas bien ce que sa dernière intervention pourrait changer, hormis fédérer les attentions sur la fameuse clause de revoyure de 2017 « qui prétendument devrait, selon les dires des Ministres, permettre de redonner à Mayotte en 2017 le solde de fonds européens manquants. Quels engagements le gouvernement a-t-il obtenu de la commission européenne pour que cela ne se traduise pas à nouveau par un nouveau forfait fait à Mayotte ? », interroge justement Younous Omarjee.
« Mais aucun ! », répond en substance le MOM qui juge la question prématurée. Une question qui reste suspendue aussi à la bonne consommation des fonds et qui implique « un esprit partenarial entre l’État, le Conseil général et l’ensemble des acteurs », conclut le député.
Le ministère juge que l’enveloppe doit avant tout « correspondre aux besoins et à la consommation de Mayotte » et qu’il faut décidément « abandonner les postures pour avancer ».
L’ensemble des fonds et leur allocation sont rassemblés dans un document appelé Programme Opérationnel, « celui de Mayotte sera validé après celui de La Réunion », indique le MOM.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte