Le JDM a choisi de vous raconter l’audience de ce mardi 16 décembre de façon un peu inhabituelle. Mais cette audience, cumulant les problèmes de convocation ou de pourvoi, était elle-même assez inhabituelle.
Onze affaires sont à juger à l’audience correctionnelle ce mardi. Les avocats absents en font renvoyer trois, il n’en reste plus huit.
Huit affaires sont à juger dont celle d’une femme que le mari maltraite. La victime n’est pas là et en réalité c’est une voisine qui poursuit l’homme à la barre. Du coup, le tribunal correctionnel n’est pas compétent pour juger. L’homme risque une amende de 5e catégorie devant le tribunal de police. L’affaire est renvoyée au bon endroit. Il n’en reste plus que sept.
Sept affaires sont à juger dont celle d’un autre concubin qui s’est mal conduit. Il est poursuivi pour violence mais la victime n’a pas été prévenue de la date de l’audience et le mis en cause est convoqué… pour 17h30 au lieu de 13h30. L’affaire est renvoyée. Il n’en reste plus que six.
Six affaires sont à juger dont celle d’une femme qui veut un avocat pour convaincre. On lui a refusé l’aide juridictionnelle mais elle est poursuivie pour vol et décide, finalement, qu’elle a les moyens de se payer l’assistance d’un conseil. Le temps de préparer sa défense, l’affaire est renvoyée. Il n’en reste plus que cinq.
Cinq affaires sont à juger dont celle d’un étudiant qui s’est fait plié en quatre. Un jeune lui a volé ses deux téléphones portables dont celui de l’ONG pour laquelle il travaille. Problème : le mis en cause a au moins trois identités et autant de dates de naissance toutes comprises en 1994 et 1996. Le tribunal dispose d’une copie d’un acte de naissance qui semble être le bon. Il indique qu’il était mineur au moment des faits. A un mois près, ce sera donc le tribunal pour enfants qui devra juger son cas. Affaire évacuée, il n’en reste plus que quatre.
Quatre affaires sont à juger dont une bagarre mais là non plus, ça ne sera pas pour cette fois. La victime est en métropole et n’a pas été avisée. Des témoins ne se sont pas déplacés et des gendarmes doivent continuer l’enquête. Renvoi. Il n’en reste plus que trois.
Trois affaires sont à juger dont une récidive de conduite d’un véhicule en état d’ivresse. Cette fois, le tribunal examine le dossier. La voiture sera saisie et le permis annulé, c’est automatique en cas de récidive. Surtout, depuis 2008, à Avignon, à Nîmes puis à Clermont Ferrand, le jeune homme a aligné les condamnations, souvent de la prison avec sursis, et l’alcool est toujours en cause. Pour cette fois, ça sera 6 mois d’emprisonnement avec sursis, 110 heures de travail d’intérêt général et quelques obligations dont celle de soigner son problème d’alcool. Affaire jugée, il n’en reste plus que deux.
Plus que deux affaires à juger dont un cas de violence, pour un motif futile, où deux jeunes gens s’en sont pris à un 3e, avec des coups de ceinture en plein visage et des coups de pieds une fois leur victime à terre. Le père d’un des deux prévenus est là tandis que son fils cherche une place dans l’armée en métropole après être sorti du BSMA. «Des faits consternants», constate la présidente Durand qui condamne les deux violents à 5 mois de prison avec sursis. Le verdict étant donné, il ne reste plus qu’une dernière affaire, un vol de bijoux en or.
L’homme s’est fait voler chez lui, pendant qu’il dormait, son téléphone portable posé à côté de son lit, cinq euros qui trainaient et surtout, une bague, un collier et deux peignes en or. Ce n’est pas un cambriolage car il n’y a pas effraction. Le voleur a tout de même escaladé la façade pour entrer par une fenêtre ouverte.
Le plaignant est allé déposer plainte mais il a mené sa petite enquête tout seul. Et un beau matin, il a amené son cambrioleur à la gendarmerie. Le mis en cause a reconnu les faits et à vendu le 2e homme poursuivi, un bijoutier qui a fondu les deux peignes en or pour en faire une bague. L’activité était évidemment non déclarée, l’homme est agent de sécurité de son métier.
Quatre mois avec sursis pour le voleur, 800 euros d’amende pour le faux bijoutier, 700 euros de dommages et intérêts pour la victime ainsi que la bague nouvellement coulée avec son or.
Onze affaires étaient à juger et ce mardi après-midi, il n’était pas facile de rendre la justice au tribunal de Kawéni.
RR
Le Journal de Mayotte