L’électricien mahorais annonce un plan d’urgence après les 3 blackouts de début décembre. Cette crise pourrait coûter des millions d’euros à EDM qui annonce une attention particulière portée à ses clients.
Yacine Chouabia, le directeur général d’EDM est rentré de Paris hier après avoir mobilisé des équipes d’experts métropolitains sur les difficultés que rencontre actuellement la société dans la phase de test de ses nouveaux matériels. Il réunissait la presse ce vendredi matin pour une série d’annonces mais aussi pour saluer la mobilisation des salariés de l’entreprise.
Un plan d’urgence.
Le directeur annonce un plan d’urgence en 4 points. C’est d’abord la mobilisation «des meilleurs de Mayotte et de métropole.» Et bonne nouvelle : ces experts ont trouvé les raisons des pannes qui ont affecté les nouveaux matériels mis en service sur notre réseau.
Le point le plus spectaculaire de ce plan est l’annonce de l’arrêt de la phase de tests. «A partir de ce soir ou demain matin au plus tard, on arrête les tests sur les nouveaux ouvrages, les postes sources (transformateurs) et la centrale. Je veux qu’on revienne à plus de sérénité sur le réseau électrique et qu’on minimise les problèmes d’alimentation au moment des fêtes», indique Yacine Chouabia. Ces tests devraient reprendre durant la 2e semaine de janvier, après que toutes les procédures aient été revues.
Troisième point, le renforcement des équipes d’astreintes. En plus des personnels mobilisés en astreinte sur le réseau, une équipe d’astreinte a été créée pour les postes sources, «ce qui a déjà permis un record de réalimentation lors du dernier blackout. Les premiers clients ont été réalimentés en 6 minutes 22 secondes et tous les clients ont été reconnectés en moins de deux heures. On n’avait jamais vu ça», se félicite Yacine Chouabia.
Dernier point de ce plan d’urgence, l’intervention d’EDF qui va venir appuyer le travail d’EDM pour aider au redémarrage de la phase de tests de janvier. «Je ne peux pas garantir zéro défaut mais on va tout faire pour qu’il y en ait le moins possible.»
«On fait appel à notre actionnaire et à la solidarité nationale pour passer ce cap qui est historique aussi bien par le gap technologique que l’on vit et par le nombre d’incidents généralisés.»
La reprise des tests en janvier.
Ces tests étant nécessaires pour faire fonctionner durablement les nouveaux équipements du réseau d’EDM, ils vont donc reprendre en janvier. Pour les nouveaux transformateurs (postes sources) qui assurent le passage du courant de 90.000 à 20.000 volts, cette phase devrait durer un mois. Pour les nouveaux matériels de la centrale de Longoni, ces tests devraient s’étaler sur 3 mois.
«EDF a une grande expérience de la mise en route de nouvelles centrales, ce qui n’est pas notre cas. Nous avons seulement mis en service 3 centrales en 15 ans. Leur expertise sera très importante pour nous.»
L’impact de cette crise.
Le coût financier pour l’entreprise pourrait se monter à plusieurs millions d’euros. Mobilisations d’experts, allongement de la phase de tests, manque à gagner par le biais du système de subventions lié au retard de la mise en service des nouveaux matériels… l’ardoise va être lourde même si rien n’est encore chiffré.
«Ce qui fait le plus mal c’est l’impact sur la population et donc sur l’image de la société», explique Yacine Chouabia. Le directeur général rappelle qu’EDM a énormément travaillé ces dernières années, le nombre de blackouts passant de 37 en 2004 à 5 cette année. «Il ne faut pas que tout ce qui a été fait soit gâché par ce mois de décembre».
Une attention portée aux clients.
Les clients sensibles sont contactés à chaque coupure. En dehors des structures vitales pour le territoire (hôpital, aéroport, préfecture, EDM…), le «plan électro-secours» permet de contacter les personnes qui, par exemple pour raison médicales, ont besoin d’alimentation électrique pour leur matériel.
Des plaintes et des demandes de dédommagements commencent à arriver. Aux clients mécontents, se rajoutent ceux qui font valoir des matériels «grillés» par une surtension au moment du retour du courant. Yacine Chouabia promet des procédures plus souples et moins regardantes sur les nécessaires justificatifs à présenter.
En revanche, aucune ristourne sur les factures n’est prévue. «Nous avons le tarif électrique le moins de cher de France», rappelle le directeur et les factures des clients ne couvrent que 30% du coût réel de la production électrique à Mayotte. Le reste étant assuré un fonds national (CSPE). En résumé, on ne peut pas demander à la solidarité nationale de payer un peu plus pour nos problèmes locaux.
Une phase difficile mais nécessaire.
EDM insiste sur l’utilité de cette phase de tests qui a permis d’identifier des problèmes avant la mise en route définitive et donc avant le départ des fournisseurs qui auraient considéré que leur travail de livraison était terminé.
«Cet impact-là, on l’a maintenant, on ne devrait plus l’avoir dans l’avenir. Ce sont des matériels pour les 40 prochaines années. Nos enfants ne comprendraient pas qu’on n’affronte pas ces problèmes aujourd’hui pour avoir un réseau performant pendant plusieurs décennies.»
RR
Le Journal de Mayotte