Le Petit-duc d’Anjouan règne encore sur son territoire

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La lettre mensuelle des naturalistes de Mayotte est sortie. En plus programme mensuel des activités de l’association, on y apprend que le Petit-Duc d’Anjouan se porte mieux. Ce hibou endémique de l’île voisine est toujours en danger mais sa population serait plus importante que ce que l’on pensait.

Une image rare du Petit-Duc d'Anjouan (Crédits photo: Alan Van Norman/ mongabay.com)
Une image rare du Petit-Duc d’Anjouan (Crédits photo: Alan Van Norman/ mongabay.com)

Le Petit-Duc d’Anjouan règne encore sur son île. Il fait partie des hiboux les plus menacés au monde mais il serait moins en danger qu’on le pensait. Dahari, une ONG installée à Anjouan et spécialisée dans l’accompagnement des communautés dans le développement agricole et la gestion durable des ressources, a tenté de rassembler les informations dont on dispose aujourd’hui, ce petit volatile.

Premier enseignement, sa population serait comprise entre 3.500 et 5.500, et donc bien supérieure à la précédente estimation qui faisait part de 200 à 400 oiseaux. Pour Hugh Doulton, le directeur technique de Dahari et co-auteur de l’article scientifique publié dans Bird Conservation International, ce nouveau comptage «ne montre pas que ce hibou va mieux ou que son statut s’est amélioré, il montre juste que notre connaissance de son statut s’est améliorée».

La difficulté avec le Petit-Duc, c’est qu’il est particulièrement secret. Hugh Doulton lui-même, après 7 ans passé à Anjouan, ne l’a jamais vu, selon l’article de Dahari. Ce sont ses hululements qui ont permis les nouvelles estimations.

Un hibou qui résiste à la déforestation

L’autre bonne nouvelle de ce travail effectué à l’échelle de l’île, est la présence du hibou dans des zones où la forêt est très dégradée, remplacée par une agroforesterie ou des cultures qui ne laissent que de grands arbres, fruitiers en particulier. L’idée que l’oiseau ne pouvait pas s’adapter en dehors des zones de forêt naturelle n’était donc pas pertinente.

Ishaka, technicien écologue de l'ONG Dahari, pendant un comptage de hiboux au crépuscule  (Crédits photo: Dahari)
Ishaka, technicien écologue de l’ONG Dahari, pendant un comptage de hiboux au crépuscule
(Crédits photo: Dahari)

Il n’en demeure pas moins que le niveau de déforestation reste préoccupant. Il s’agit même du taux le plus élevé au monde : les forêts ont quasiment disparu reculant jusqu’à 9% par an ! Il resterait aujourd’hui, selon un rapport de la fondation Bristol Conservation repris par Dahari, que 7% de la surface de l’île recouverte de forêt naturelle.

Une ONG essentielle

Ces confettis de forêt naturelle semblent néanmoins très importants pour le hibou. Sans que l’on sache précisément pourquoi, il reste tout de même proche de ces zones plutôt préservées. Les experts de Dahari avancent comme explications une plus «faible perturbation humaine et la présence de cavités d’arbres indigènes favorables» à la vie de l’oiseau.

Si ces informations sont encourageantes, le Petit-Duc n’est pas encore tiré d’affaires, loin de là. Une véritable politique de conservation devrait être mise en place. Sans préjuger de l’action des politiques locaux, c’est tout de même du côté de Dahari que les regards se tournent pour sensibiliser les populations rurales aux enjeux de la conservation des espèces et des rares zones de forêt naturelle restantes.
Et après le Petit-Duc d’Anjouan, c’est la Roussette de Livingstone qui pourrait bénéficier de l’attention de l’ONG.
RR
Le Journal de Mayotte
avec www.daharicomores.org 

Pour voir la Lettre des naturalistes de janvier 2015

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