L’affaire avait fait grand bruit en juin dernier. Un policier de la brigade anti-criminalité (BAC) avait tiré à balle réelle sur des voleurs au magasin Musada. L’un d’entre eux a été condamné.
L’homme qui avait essuyé les balles du fonctionnaire est arrivé dans la salle d’audience ce mercredi matin, fermement encadré par les gendarmes. En effet, il purge actuellement une peine de prison pour un autre fait de cambriolage. Anli*, jeune homme de 19 ans connait bien les salles d’audiences, puisque mineur, il était déjà suivi par la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Après sa majorité, il continue dans la même voie jusqu’à cette nuit du 10 juin 2014, où visiblement une bonne étoile veillait malgré tout sur lui. Ce soir-là, aux environs de 23h, le vigile de la Musada est alerté par le déclenchement de l’alarme. Il appelle alors la police. Pas de chance pour les voleurs, une patrouille de la BAC est dans les environs et arrive rapidement sur les lieux. Les voleurs sont littéralement pris la main dans le sac alors qu’ils tentaient de subtiliser des tuyaux. Les trois jeunes complices sont poursuivis par les policiers, l’un d’entre eux est attrapé par M.A., un des fonctionnaires.
La balle est passée à deux centimètres du cœur
Mais le voleur ne se laisse pas faire et assène un coup de poing à M.A tout en appelant ses acolytes à venir «massacrer» le policier car « il est tout seul ». Y.K. un autre policier a quant à lui reçu des jets de galets sur la tête et décide de faire usage de son arme. La balle touche Anli, « elle est passé à deux centimètres du cœur du bas vers le haut » souligne le juge Rieux, président de l’audience.
Ses complices ont pu prendre la fuite. Anli est attrapé et transféré au CHM. Sous anesthésie générale, on lui a extrait la balle, il a quatre impacts sur sa poitrine et son bras. Le jeune homme s’enfuira également de l’hôpital… Un mois plus tard, il sera intercepté pour d’autres faits de cambriolage. Il sera alors jugé en comparution immédiate et condamné à deux ans de prison dont un ferme. Le jeune homme, l’air paumé dans son ensemble de sport un peu trop petit, fixe le procureur quand ce dernier requiert à son encontre une peine équivalente à ce qu’il purge déjà.
« On veut dédouaner les policiers »
Maitre Hessler, ancien directeur de l’Aide sociale à l’enfance connait bien ses problèmes de mineurs délinquants dans l’île. Mais aujourd’hui, il défend les policiers de la Bac et expose le climat d’insécurité qui règne sur l’île où des jeunes lancent «des cailloux d’un kilo» sur les gens, « au risque de tuer quelqu’un», met-il en garde.
Pour maître Ghaem, avocate de la défense : «On a essayé de créer des faits de violence pour dédouaner les officiers de police. On ne se fait pas tirer dessus comme ça, même quand on cambriole. Les faits de violence ne sont pas constitués». Le jeune homme a d’ailleurs porté plainte contre les policiers, mais cela a été classé sans suite. Un avis de classement que l’avocate n’a jamais eu.
Après délibéré, il écope d’un an de prison ferme et est placé sous mandat de dépôt. Il doit indemniser les policiers à hauteur de 1.000 euros de dommages et intérêts pour chacun, ces derniers avaient demandé 3000 euros.
Kalathoumi Abdil-Hadi
*Nom d’emprunt