Systèmes très peu étudiés il y a encore quelques années, les mangroves font l’objet de toutes les attentions depuis qu’on leur prête certaines vertus. Celle de Mayotte est bien entendu à l’honneur.
Piégeuses de carbone et dépolluantes, le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et l’IRD (Institut de Recherche pour le développement) ont décidé de mettre les mangroves à l’honneur cette année, « afin de mieux faire connaître le rôle crucial joué par ces écosystèmes pour le bien-être des populations locales et de la planète en général », explique le journal du CNRS qui précise que ces écosystèmes forestiers couvrent près des trois quarts des côtes tropicales.
Mais elles sont menacées. Écosystèmes irremplaçables, limitant l’érosion côtière, séquestrant le carbone et servant de zone tampon face aux cyclones et aux tsunamis, riches en jeunes crustacés et en alevins qui finissent par migrer dans les eaux côtières voisines, les mangroves constituent, directement ou indirectement, une ressource importante pour les populations locales.
Trois mangroves, trois spécificités
Toutefois, leur surface s’est réduite de 30 % au cours des trois dernières décennies, et elle continue de régresser au rythme inquiétant de 1 à 2 % par an, « principalement en raison de l’extension des fermes d’élevage de crevettes », selon le CNRS.
La menace a un autre visage à Mayotte, dont la mangrove se taille une place de choix dans l’étude avec celles de Guyane et de Nouvelle-Calédonie.
Ici, c’est la pression démographique qui est pointée du doigt, provoquant l’essor de l’urbanisation et d’une très forte densité humaine.
Ces deux composantes avaient amené les chercheurs, dont François Fromard, à tester la capacité dépolluante de la mangrove à Malamani où une parcelle reçoit les eaux usées domestiques à marée basse via un réseau de tuyaux perforés. Les eaux s’infiltrent grâce aux galeries souterraines créées par les crabes.
François Fromard et ses collègues étudient aussi la mangrove de Guyane française, qui subit peu l’influence humaine, mais est soumise aux variations incessantes de la ligne côtière, qui peut avancer ou reculer de deux à trois kilomètres par an.
Enfin, des chercheurs du CNRS et de l’IRD basés en Nouvelle-Calédonie ont étudié les mangroves locales pour mieux comprendre leur capacité à séquestrer le carbone et comment cette capacité évolue avec le changement climatique.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte