Une manifestation anti-Charlie est annoncée ce dimanche à 9 heures, sur la place de la République, à Mamoudzou. Les réactions sont nombreuses, notamment de la CGT Educ’action qui appelle à une contre-manifestation.
L’idée d’une manifestation « anti-Charlie » a l’air de se concrétiser. Difficile d’en connaître l’origine exacte, mais elle serait le fait de religieux musulmans, choqués par les nouvelles caricatures de Mahomet de Charlie Hebdo, mais aussi en provenance d’Australie.
Une action qui fait réagir. C’est l’incompréhension chez beaucoup de métropolitains qui s’insurgent, « on cautionne les attentats ! », alors que la CGT Educ’action crie à la provocation.
Roger Combarel, son secrétaire départemental, tente même d’organiser une contre-manifestation, « pour que les journalistes de Charlie Hebdo ne soient pas morts pour rien. Demain, je peux très bien me faire descendre pour avoir appelé à protester, il faut défendre l’affront reçu pas les caricaturistes. On ne peut laisser contrer l’élan d’émotion et de solidarité suscité par les crimes odieux et intolérables perpétrés récemment par une bande d’assassins en plein cœur de Paris. »
Une sensibilité à fleur de religion
Il appelle d’ailleurs dans un communiqué le préfet à « interdire cette provocation. » Ce que ne peut évidemment faire le représentant de l’Etat, tant qu’il ne s’agit pas d’un appel à la haine, tant que l’ordre public n’est pas menacé, et enfin, en raison de la liberté d’expression qui ne peut être unilatérale.
Dans le cas contraire, le syndicaliste indiquait appeler « toutes les composantes démocratiques de notre département à se joindre à une contre-manifestation ce même jour, au même moment et au même lieu ».
L’appel à la manifestation « anti-Charlie » lui, ne concernerait que les musulmans. On n’y attend apparemment pas de catholiques, dont la religion est pourtant régulièrement la cible des caricaturistes de Charlie.
Aussi compréhensible soit la réaction des musulmans perturbés par ces dessins, l’organisation d’une telle manifestation ne peut que sembler inappropriée dans une période où le sujet est sensible.
Beaucoup de musulmans à Mayotte « se disent Charlie », non pour cautionner les caricatures, mais « pour défendre la liberté d’expression », comme nous l’exprimait un élu du conseil général récemment.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte