La Sacem de passage à Mayotte : pourquoi les musiciens locaux ne roulent pas sur l’or

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La Sacem vient faire son petit tour à Mayotte, « une semaine par trimestre », précise Patrick Mathieu, son Délégué régional. Il aborde les priorités d’un secteur qui peine à se structurer.

Rencontre avec un musicien ce lundi
Rencontre avec un musicien ce lundi

La Société des Auteurs, compositeurs et éditeurs de musique a été créée en 1851 et comme son nom l’indique, par des musiciens et pour les musiciens. Sa raison de vivre est donc de collecter les droits d’auteur et de les reverser à leurs bénéficiaires.

A Mayotte, la structuration est en cours. Ce n’est pas demain qu’on verra le nom d’un musicien local sur les listes de la filiale Suisse de la banque HSBC…

70 d’entre eux sont malgré tout sociétaires de la Sacem, amateurs comme « professionnels ». Une professionnalisation en marche pour être plus exact, espérée qu’elle est par un secteur qui attend que le statut d’intermittent se mette en place, « peu arrivent à vivre de leur métier ici », souligne Patrick Mathieu.

Les répartitions se font quatre fois par an, dont deux plus importantes, en janvier et juillet, « pour les recettes des diffusions des concerts, radio et télé, mais aussi des pressages de CD, leur reproduction, ce qui est devenu de plus en plus rare ».

Il parle quand même de « phase ascendante » de collecte, environ 30 000 euros en 2013, en attente des chiffres 2014. Mais pour qu’il y ait collecte, il faut que les diffuseurs de musique signent un contrat forfaitisant un montant, dû en pourcentage du chiffre d’affaire : « ils sont 200 à Mayotte, mais nous avons un gros travail de régularisation en cours ». Mayotte 1ère par exemple, remet une playlist des morceaux diffusés en radio, une discipline à acquérir par l’ensemble des diffuseurs.

Des CD taxés à 50%

Des CD hyper taxés
Des CD hyper taxés

Tous ne reversent en effet pas leurs droits, pourtant garantie de survie pour un musicien : « c’est grâce à leurs premiers droits d’auteur qu’ils s’achètent une meilleure guitare ou du matériel-son ». 85% des sommes perçues sont reversées aux musiciens, « les 15% restant sont des frais de gestion, nous n’avons pas de but lucratif ».

Accompagner les musiciens se veut être la vocation principale de la Sacem, partenaire du festival Milatsika du Défi Chanson de 2014 ou du Prix musique océan Indien qui a permis l’essor de Bo Houss.

Outre l’absence d’un statut professionnalisant, les artistes mahorais n’ont pas la vie facile : « les CD conçus et pressés en métropole sont taxés à 50% en entrant sur l’île », confie Patrick Mathieu qui se bat, « la préfecture était prête à laisser tomber les 10% de taxe douanière si le Conseil général faisait un effort sur les 40% de taxe à la consommation ». Selon lui, aucune amélioration n’est à noter depuis l’arrivée de l’octroi de mer.

Un conseil général pas toujours en règle sur la rémunération des artistes, qui n’ont pas de salles de spectacle. Dommage, Bo Houss, Maalesh ou Saandati sont, comme les sportifs du BCM, ou les fonds sous-marins, l’une des vitrines de l’île.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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