Agression d’un chauffeur : préavis de grève dans le transport scolaire

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Un chauffeur de la compagnie Matis a été blessé à l’arme blanche ce lundi matin par un élève scolarisé à Chirongui. Conséquence : pas de mouvement de colère immédiat, mais un préavis de grève pour lundi.

Un agent de médiation Matis intervient dans une école
Un agent de médiation Matis intervient dans une école

A 5h10 ce lundi matin, un élève se présente à son arrêt de bus à Acoua. Alors que, comme c’est l’usage, le chauffeur de la compagnie Matis lui demande sa carte de transport, il fonce à l’arrière du bus. Le chauffeur tente alors de le faire sortir, mais l’élève se dirige vers le poste de conduite et sort un couteau. Le conducteur reçoit un coup au mollet, puis le jeune de 16 ans, scolarisé au lycée professionnel de Chirongui s’enfuit, laissant l’arme derrière lui.

La victime est évacuée vers l’hôpital et bénéficie d’un arrêt de travail de 4 jours. A sa sortie, il reçoit l’appui de ses collègues qui décident de ne pas faire agir leur droit de retrait, ce dont se félicite Nicolas Rupert, le directeur de la société Matis : « c’est une décision extrêmement courageuse. Ils ont réagi avec professionnalisme ».

Respectant les 5 jours de délai, un préavis de grève est déposé pour lundi 23 février, « et pour une durée illimitée », nous indique Ali Siaka, syndicat UD FO.

Ce dernier parle d’une « situation gravissime », « il ne se passe pas un jour sans incident, qui vont de l’insulte à l’agression physique en passant par la détérioration de matériel. Nous demandons à l’Etat, et au Conseil général, en tant qu’autorité organisatrice du réseau, une solution pérenne, et surtout une réponse pénale à nos dépôts de plainte répétés qui ont toujours la même conclusion : ‘parce que c’est un mineur, on le relâche’ ».

Une sanction par semaine…

Un bus victime de caillassage l'année dernière
Un bus victime de caillassage l’année dernière

Des médiateurs avaient été recrutés sur certaines lignes, mais ils ne sont que 84 pour les 250 véhicules de la compagnie, « et puis que peut un médiateur en face d’un gamin armé d’un couteau ? », s’interroge Nicolas Rupert.

La société a pourtant mis sur pied un outil efficace, et qui enregistre une nette aggravation de la situation : « le conseil de discipline composé du vice-rectorat, de la préfecture, du Conseil général et de Matis, se réunissait une fois tous les 6 mois. Un rythme qui s’est accéléré pour passer à une fois par semaine ! » Une garantie pourtant que les éléments perturbateurs sont écartés : « lors du dernier conseil de discipline, 4 élèves ont été exclus à l’année de tout transport scolaire. »

Nicolas Rupert espère une interpellation immédiate, « et surtout une réponse juridique pour calmer la tension chez les chauffeurs qui ne savent plus comment faire face à la situation ».

Des chauffeurs qui ont su garder « la tête froide », de l’expression même du directeur, car un retrait des véhicules aurait empêché le ramassage des élèves scolarisés ce matin, et aurait pu provoquer des manifestations habituelles dans ce genre de situation chez les jeunes.

L’auteur des faits n’était toujours pas appréhendé à l’heure où nous écrivons ces lignes, « mais nous l’avons identifié », indique le directeur de Matis.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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