La fronde intersyndicale des agents du Conseil général à la veille des élections

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C’est la révolution dans la maison département où des syndicats veulent « contrecarrer les agissements clientélistes qui alimentent le capital électoral » des élus. Un mouvement qui s’adresse à une équipe qui sera renouvelée en mars.

Une intersyndicale de défense des droits des agents de la collectivité départementale s’est constituée. Elle est issue de la nouvelle représentation des dernières élections professionnelles et composée de la CGT Interco, Sud CT 976, la CFE CGC et la CGT Ma. Grand absent, UD FO maintenant majoritaire au CG, a décliné : « nous n’étions pas informés », assure El Anzize Hamidou, secrétaire départemental, avant de préciser « on ne s’associe pas à un mouvement dont nous ne connaissons pas les tenants et les aboutissants ».

Les syndicalistes expliquent que leur grogne est alimentée par leur vaine tentative de rencontrer le président Zaïdani, « on nous barre la route », tout en soulignant la profonde désorganisation des services, « notre demande de rencontre pour le 4 février, envoyée le 28 janvier, a été tamponnée le 28 février ! ». Ils ne verront pas le président. Ils ont décidé de convoquer les médias.

« Un contrôle de légalité déficient »

L'hôtel du département
L’hôtel du département

Une première déception alors qu’ils souhaitaient faire remonter des problématiques de gestion de carrières « dépourvues d’éthique » : « les agents du corps transitoire entrés avant la décentralisation passent après de jeunes recrues pour leur intégration en catégorie C ». Un procédé habituel, bien que prévu pour être dérogatoire. L’absence de plan pluriannuel de titularisation ne fait qu’alimenter ces pratiques. Sur 2 970 agents, 800 seraient encore dans le corps transitoire, « mais nous avons du mal à obtenir des chiffres fiables ».

Ils reprochent également au préfet, garant de la légalité, de s’être contenté il y a quelques années de souligner « que les contrats de 6 mois reconduits étaient illégaux et constituent un détournement de procédure de recrutement ». Des libertés avec les méthodes d’embauche régulièrement pointées du doigt dans différents rapports depuis la décentralisation de 2004.

« Ceux qui seront élus demain doivent travailler pour l’intérêt général », préviennent-ils, conscients que leur intervention prend place en pleine campagne des départementales, mais se défendant d’avoir accaparé un temps politique « qui n’est pas le temps syndical ».

Des syndicalistes aux meetings d’investitureConseil général bâtiment

Les liens parfois directs noués entre les agents et les élus qui les ont recrutés à des fins illusoirement électoralistes, complexifient la revendication, « ils ont peur de perdre leur emploi ou d’être freinés dans leur avancement », expliquent-ils tour à tour. Un reproche également adressé aux syndicalistes qui ont été vus dans des meetings de soutien d’investiture… « Nous n’avons pas de candidats », assure Askandari Allaoui, CFE-CGC, en affirmant reconduire cette vigilance après les élections, quelqu’un soit le résultat.

Que les syndicats appellent la presse au secours, voilà qui semble donc pittoresque, eux qu’on a vus dans la rue pour moins que ça ! C’est que selon eux, leurs instances paritaires dont les Commissions Administratives paritaires (CAP) qui examinent la carrière des agents des trois catégories A, B et C, ne sont pas entendues : « nous donnons un avis pour apprendre qu’une délibération a déjà été prise. Les élus nous considèrent comme une formalité ».

Un combat qu’il fallait mener au cours de l’année dernière, selon un agent qui souhaite rester anonyme, « un des meneurs, Boinahedja de la CGT Ma était déjà là. Pourquoi ont-ils attendu les élections pour se manifester ? »

« On entend ‘Au conseil général, tu ne travailles pas’ ! »

Une conférence de presse nécessaire qui traduit pour l’intersyndicale un manque de communication en interne, « un mal être grandissant, nous n’osons plus dire que nous sommes agents du Conseil général sous peine d’entendre, ‘donc tu ne travailles pas’ ! », avec comme conséquence « une fuite des cerveaux» : « des agents compétents partent vers d’autres services. Sur les 8% de cadres que compte la collectivité, seuls 20% contribuent au fonctionnement. Le déficit financier a été résorbé, pas le déficit de matière grise »

Ils dénoncent en bloc « une réelle opacité dans la gestion des affaires qui semble intentionnelle pour éviter de rendre visible les recrutements au regard des anciens qui stagnent ».

Pour Djoumoi Djoumoy, CFE CGC, il faut faire savoir que les agents se sont réveillés, qu’ils ne doivent pas hésiter à dénoncer leur condition de travail, leur absence d’avancement, « face à des élus qui ne répondent pas aux mails, comme ils ont fui la population ».

Il n’exclut pas d’avoir recours au tribunal administratif pour les prochains manquements de l’administration et parle d’un « élan nouveau pour le mouvement syndical ». Les futurs élus sont avertis, ils n’ont qu’à bien se tenir : « on vient de démarrer la machine », préviennent-ils.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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