La compagnie Corsair fait l’objet d’un projet de rachat du groupe Dubreuil qui possède aussi Air Caraïbes, opération destinée à optimiser ses résultats. Si un nouveau mode de gestion attend ses salariés, de nouveaux appareils desserviront l’océan Indien et les Antilles.
Les inquiétudes liées à la reprise de la compagnie Corsair par le groupe de Dubreuil, actionnaire d’Air Caraïbes, ont été à peu près dissipées ce vendredi : la marque Corsair ne disparaît pas et le réseau demeurerait à l’identique. « Corsair devient compagnie sœur gérée de la même manière qu’Air Caraïbes » au sein du groupe Dubreuil, a déclaré Jean-Paul Dubreuil, Président du Conseil de Surveillance et d’Air Caraïbes, qui rajoute que toutes les destinations d’Air Caraïbes et de Corsair seront maintenues, « y compris Mayotte, qui n’est pas une destination aussi rentable que les Antilles ».
La transaction dont le montant n’a pas été dévoilé, devrait être effective en juin, après le feu vert de l’autorité de la concurrence et les avis des comités d’entreprise des sociétés Corsair et Air Caraïbes, qui ont été consultés, ce jeudi 19 février. TUI France qui détient Corsair, s’est engagé à le recapitaliser avant la cession.
Dans un contexte de marché concurrentiel, et alors que les lignes des Antilles soufrent d’une surcapacité, cette opération de croissance externe permettrait au Groupe Dubreuil de constituer avec Air Caraïbes et Corsair, le 1er pôle aérien français 100% privé, nous apprend Corsair dans un communiqué. Le nouvel ensemble serait ainsi doté d’une flotte de 15 appareils long-courrier et court-courrier (9 Airbus A330, 3 Boeing 747 et 3 ATR 72-500) couvrant un réseau de 15 destinations, dont 50% du marché sur les Antilles depuis la métropole.
Une part des bénéfices redistribuée au personnel
Nous avons donc essayé de comprendre comment cette entreprise familiale de distribution, le groupe Dubreuil, faisait pour afficher une santé aussi insolente dans un secteur touché par la morosité. Car si la compagnie aérienne Corsair annonce avoir réussi son repositionnement stratégique engagé il y a 4 ans en compagnie régulière long courrier, elle accusait en décembre une perte opérationnelle creusée à 8,9 millions d’euros. Air France ne se porte guère mieux.
Air Caraïbes est née il y a 12 ans avec un premier vol Pointe-à-Pitre/ Fort-de-France sur un A 330-200 loué. Elle a depuis multiplié son chiffre d’affaires par 8. Entièrement privée, elle n’a jamais été soutenue par l’Etat, contrairement à Air France. Et Jean-Paul Dubreuil a la réputation de gérer la compagnie avec rigueur tout en motivant son personnel : majoritairement composé d’Antillais, il est intéressé à hauteur de 25% des résultats.
Une nouvelle structure en 2016
Corsair deviendrait donc une filiale à 100% du Groupe Dubreuil. La gouvernance serait assurée par un Conseil de Surveillance (présidé par Jean-Paul Dubreuil et dont Pascal de Izaguirre (TUI) sera membre) et un Directoire présidé par Marc Rochet. Chaque société garderait son réseau spécifique, ses personnels et leurs compétences, « même si des synergies sont à prévoir au bénéfice des clients, véritable priorité des deux marques », indique Corsair.
Sur les désormais 2 000 salariés que regroupent les deux compagnies, des doublons sont en effet à craindre là où certains vols se chevauchent presque entre les deux compagnies sur les Antilles. Des réajustements seront indispensables du côté des accords d’entreprise, avec un personnel de Corsair qui vole 750h par an contre 800 pour Air Caraïbes, « il faudra être plus productif et plus compétitif », annonce la direction du groupe Dubreuil.
L’annonce « une flotte de onze Airbus à l’horizon 2024 » a été faite vendredi, dont six ont été achetés. La commande de cinq nouveaux A 350 est confirmée pour une livraison est prévue en 2016. L’A350 est le dernier avion d’Airbus dont le fuselage est fabriqué en majorité en matériaux composites et dotés de moteurs Rolls Royce de nouvelle génération, qui assure une économie en carburant de 25%.
. Une nouvelle structure d’exploitation sera alors créée. Elle opèrerait les avions au profit des deux marques, Air Caraïbes et Corsair, sur les Antilles et sur l’Océan Indien.
« Nous comptons donner la priorité à un retour rapide à la profitabilité de Corsair, grâce aux synergies créées par la constitution de ce pôle aérien majeur », conclut Jean-Paul Dubreuil. Il se rend avec son staff cette semaine à La Réunion.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte