Don d’organes: prendre le temps d’expliquer pour sauver des vies

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Des médecins venus de métropole et de La Réunion sont à Mayotte pour échanger sur une question de santé publique importante : le don d’organes. Actuellement, 37 Mahorais attendent une greffe de rein.

La plaquette d'informations sur le don d'organes réalisée pour Mayotte
La plaquette d’informations sur le don d’organes réalisée pour Mayotte

Ils sont quatre, médecins et infirmiers venus de Métropole ou de La Réunion pour une 3e campagne de sensibilisation sur une question aussi sensible qu’importante : le don d’organes. Actuellement, 52 Mahorais ont déjà bénéficié d’une greffe de rein. Autrefois handicapés par une déficience rénale et contraints à plusieurs séances de dialyse par semaine, ils ont aujourd’hui pu retrouver une vie presque normale. Et sur la liste d’attente pour être greffé, ils sont 37 Mahorais à patienter. D’où l’importance de l’information sur le don d’organes.

«Le sujet est important et il ne faut surtout pas que les gens se braquent par manque d’informations», relève Marie-Pierre Crespa, médecin à l’agence biomédicale basée à La Réunion.

Pour une greffe, il faut un donneur d’organe

Pour que les patients qui ont besoin d’une greffe puissent se faire opérer, il faut que les hôpitaux soient en possession de greffons, des organes prélevés sur d’autres patients. «Généralement, ce sont des patients qui viennent de décéder mais on peut également prélever un rein sur un proche du patient», explique Hélène Jullian, médecin responsable à l’Agence biomédicale.

de l'Agence biomédicale en visite à Mayotte
Olivier Bastien, Marie-Pierre Crespa, Hélène Jullian médecins et Brigitte Bouttin, cadre infirmière de l’Agence biomédicale en visite à Mayotte

L’intervention est évidemment extrêmement encadrée. Si le prélèvement d’un rein doit être effectué, aucun autre organe ne peut être touché et, dans le cas d’un patient qui vient de mourir, le corps est ensuite rendu à la famille.
«Prélever un organe, c’est une intervention très codifiée qui est effectuée par un chirurgien qui a suivi une formation particulière car il faut maîtriser des gestes et des techniques précises», note Olivier Bastien, directeur des prélèvements et des greffes à l’Agence biomédicale.

Un grand nombre de patients en Outre-mer

Une fois le rein prélevé, les équipes médicales ont 36 heures pour le transplanter. En France, seules 43 équipes sont habilitées à réaliser ces greffes dont une à La Réunion pour l’ensemble de l’océan Indien.

L’enjeu pour Mayotte est important. De façon générale dans les Outre-mer, les déficiences des reins sont deux fois plus nombreuses qu’en métropole et le chiffre est probablement plus important encore chez nous. «C’est un mélange de facteurs comme une prise en charge et un diagnostic tardif et des problèmes alimentaires qui explique cette situation», relève Olivier Bastien. «Mais une fois que la prise en charge est efficace, le nombre de patients pour des dialyses devient exponentiel». C’était par exemple le cas en Polynésie où 10% du budget total de la santé est consacré à la dialyse. C’est la raison pour laquelle, à Tahiti, on commence depuis quelques mois à pratiquer les greffes de rein.

L'importance de réfléchir au don d'organe : 37 Mahorais attende une greffe de rein
L’importance de réfléchir au don d’organes : 37 Mahorais attendent une greffe de rein

23 greffes de rein en 2014 à La Réunion

En 2014, 23 greffes de rein ont été réalisées à La Réunion. «A Mayotte, l’important est que les gens commencent à en parler et cherchent à se documenter. Nous avons réalisé une plaquette pour expliquer la démarche et un site internet www.dondorganes.fr répond à de nombreuses questions», précise le docteur Crespa. «On sait que ça sera long pour banaliser la démarche du don d’organes mais c’est un travail nécessaire pour que cette question de santé publique soit comprise par le plus grand nombre»
Demain mardi, médecins et infirmiers vont rencontrer une nouvelle fois les cadis de Mayotte pour faire avancer la réflexion.
RR
Le Journal de Mayotte

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