Au milieu des tissus et des rouleaux de peinture fraiche, l’espace coworking rassemblant les métiers de la mode et de la création artistique vient d’être inauguré ce samedi rue du Commerce.
A 9 heures, heure de l’inauguration, on ne peut pas dire que tout était prêt… Mais l’intention y était, y est toujours, et si la pluie n’a pas arrangé les choses, les barnums ont finalement été montés pour abriter les artisans et les derniers coups de peinture donnés : Entreprendre au féminin à Mayotte et l’association « les Passionnés de l’artisanat mahorais » lancent le premier espace de coworking, rue du Commerce, au dessus de l’hôtel Maharadja.
Concept qui évoque ces bureaux partagés où ordinateurs et conversations n’ont plus de barrière, cette « économie collaborative » est dans ce cas adaptée à la mode et l’art : « la couture, l’esthétique, la décoration d’intérieure, photographe, peintre, coiffeuse, seront représentés. J’ai voulu donner un espace d’expression à ces jeunes qui me sollicitent souvent », explique Moinécha Hariti.
C’est une vraie femme entrepreneuse qui agite ici le landerneau de la mode : Moinécha Hariti évolue au milieu des bustiers et tissus de son atelier de couture. A la tête de son entreprise Hariti M. dont la boutique est inaugurée également ce jour, elle réalise des modèles de robes de mariée, « une activité très saisonnière ». Elle est aussi à l’impulsion de l’association PAM, les Passionnés de l’artisanat mahorais, un préambule à la création de l’espace de coworking, « mais en plus grand et plus diversifié sur les corps de métier ».
L’idée de ce travail est de permettre aux travailleurs indépendants de ne pas rester isolés chez eux et de pouvoir trouver, dans ce lieu et à travers un réseau, un espace de socialisation comparable à une entreprise.
Maria est la preuve qu’un espace fédérant les énergies est utile : d’origine allemande, elle a lancé un atelier de couture à Malamani et un magasin de lingerie-mercerie, et a gagné le prix Talent rural de la Boutique de gestion : « je vends des sous-vêtements de marque allemande, mais tout en maintenant les mêmes prix qu’en métropole, je subis un coefficient de douane exagéré avec un octroi de mer entre 25 et 33% ».
Appliquée sur sa machine à coudre, Fatima a été formée par Moinécha Hariti, et a fini par créer son atelier couture à Acoua : « je réalise des hauts pour salouva, avec des tissus modernes. » Elle aussi se débrouille comme elle peut, « nous avons qu’un seul fournisseur de tissu à Mayotte, la COMEMA ». Il n’est pas impossible que la structure débouche sur une mutualisation pour diversifier les commandes.
La journée d’inauguration s’est terminée par un défilé de mode où les couleurs et les tissus rivalisaient d’invention.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte