Les liaisons directes vers la métropole remettent la longueur de la piste au centre du débat

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FMAE, Autorité environnementale,piste longue, aéroport, Mayotte
Sous la piste, la plage et les coraux

Si les liaisons directes ont été promises par la compagnie réunionnaise Air Austral, la longueur actuelle de la piste continue à poser des problèmes, en dépit de l’allongement imposé par l’Europe, assure Daniel Lefebvre, directeur de la Société d’exploitation de l’aéroport de Mayotte (SEAM).

PisteLa compagnie Air Austral a annoncé la semaine dernière une liaison directe Mayotte-Paris, permise par l’achat de deux Boeing 787. Deux spécialistes de l’avionneur américain se sont d’ailleurs déplacés jusqu’à Dzaoudzi il y a deux semaines pour évaluer les contraintes techniques avec le directeur de la SEAM, Daniel Lefebvre.

« Nous avons deux dossiers qui se télescopent, explique ce dernier, l’arrivée des B 787 d’Air Austral, et la nécessaire mise aux normes européennes de la piste avec les deux fois 90m de distances RESA de sécurité aux extrémités ».

Les responsables se sont demandés par quel bout prendre la piste : « on ne peut pas allonger du côté de la mosquée sous peine d’être gêné par la colline. Il faut donc prendre 180 mètres du côté du lagon. »

Ces travaux devraient être réalisés à l’horizon 2018 selon Daniel Lefebvre, Air Austral devrait s’adapter : « leur B 787 sont moins lourds avec 46 tonnes de carburant à l’emport pour Paris contre 80 tonnes utilisés par les triples 7 actuels. Ils ne transporteront par contre que 264 passagers au lieu de 340. » Une capacité en revanche plus adaptée aux liaisons régionales, « les avions pour La Réunion étaient toujours saturés ». Un aménagement également opportun pour les futurs A 350 annoncés par Corsair.

Qui va payer ?

Inauguration de l'aérogare de Pamandzi en août 2014 par François Hollande et Youssef Sabeh vice-président de SNC Lavalin
Inauguration de l’aérogare de Pamandzi en août 2014 par François Hollande et Youssef Sabeh vice-président de SNC Lavalin

Mais une fois cet allongement technique imposé par l’Europe réalisé, demeure un problème : « la longueur de la piste reste la même, 1930 m », souligne Daniel Lefebvre. Or, elle a rebuté XL Airways partie voler sous d’autres cieux, et la compagnie Corsair doit régulièrement différer ses atterrissages par mauvaise météo, ce qui a d’ailleurs failli être le cas la semaine dernière : « l’A 330 de la compagnie devait à 10 minutes prés être dérouté sur Tananarive en raison des fortes pluies. »

Pour les responsables de la société Lavalin qui gère l’aéroport, il serait judicieux de profiter des études d’impact menées sur le lagon, de la loi sur l’eau et de la préservation de la biodiversité liées à la rallonge RESA, pour pousser un peu plus loin le raisonnement et en profiter pour rajouter un bout de piste : « Air Austral a précisé que par conditions météo difficiles, leurs nouveaux appareils ne pourraient pas envisager un décollage en pleine charge en toute sécurité. »

La question est de savoir qui va payer. La SNC-Lavalin a obtenu la gestion de la plateforme aéroportuaire jusqu’en 2026, « la rallonge chiffrée entre 40 et 80 millions d’euros, n’est pas prévue dans le business plan », explique Daniel Lefebvre. Une obligation européenne qu’il pourrait revenir à l’Etat de mettre en œuvre, et qui incite la société à se tourner vers la Direction générale de l’aviation civile.

Thierry Repentin, le ministre des Affaires européennes qui s’était exprimé sur ce sujet lors de son passage à Mayotte, n’avait pas caché sa frilosité sur le grand projet de rallongement de la piste à 2 300 m. L’Etat sera-t-il plus favorable si Mayotte coupe la poire en deux ?

On en saura un peu plus en mai, après le lancement des études d’impact sur le lagon.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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