SIM et SMIAM, deux acronymes qui cachent deux syndicats aux rôles déterminants à Mayotte. Les questions de la répartition des terrains et des constructions scolaires du second masquent la participation à l’administration du premier. Explications.
Le Syndicat mixte d’investissement et d’aménagement de Mayotte, SMIAM, avait la compétence des constructions scolaires du premier degré. « Avait », car l’unique classe sortie de terre en 2013 alors que l’Etat abondait de 10 millions d’euros, a incité ce dernier à remettre en cause l’existence de la structure.
Les maires ont emboîté le pas du préfet, et sa dissolution est annoncée pour avril ou mai. Mais il faut auparavant en partager les actifs et le passif. Telle commune va revendiquer le foncier, quand une autre doit récupérer ses agents, alors que le conseil général qui y participait également réclame aussi sa part.
Président du département, Daniel Zaïdani n’a jamais caché sa déception de voir fermer une structure dont seule la gouvernance était à remettre en cause selon lui. Les échanges furent donc assez vifs sur ce sujet lors de la séance plénière extraordinaire de ce lundi avec Saïd Omar Oili, conseiller général de Dzaoudzi-Labattoir dont il est aussi le maire, qui vantait les mérites de la nouvelle gestion mise en place par le préfet : « nous recevons désormais directement les subventions, et ça marche ! »
Conseil général et Etat à égalité au SMIAM
« Les constructions scolaires en modulaires ne font vivre aucune entreprise locale, à part celle qui les importe. Or la commande publique créée de l’emploi », rétorquait le Daniel Zaïdani. Mais ce sont bien 17 classes en dur qui seront construites à Dzaoudzi selon son maire.
La dissolution du SMIAM ayant été annoncée, le président du département réclame en héritage le siège social du SMIAM, du foncier, et le poste de gouvernance dans une autre structure, la société Immobilière de Mayotte, la SIM.
Spécialisée dans les constructions de logements locatifs intermédiaires et sociaux, la SIM est administrée à parts égales entre l’Etat et les élus mahorais. Actuellement, le conseil général possède 25% des parts (2 sièges), et la mairie de Mamoudzou, la Chambre des métiers et le SMIAM, 8,33% et un siège chacun. L’Etat à travers la DEAL, la DRFIP, le SGAR, l’AFD et la Caisse des dépôts complète les 50% restant, soit 5 sièges.
En héritant des parts du SMIAM, le conseil général arrive donc à 33%, et serait donc représenté par 3 sièges, autant que l’Etat. On comprend donc les motivations de Daniel Zaïdani pour récupérer ces parts. « Une représentativité qui permettra de porter les intérêts du conseil général et des communes à la SIM », appuyait le conseiller Issihaka Abdillah, ex-président de la Société Immobilière.
Un liquidateur devrait être nommé pour affecter agents et foncier. Mais si certains craignent de le voir apparaître au conseil d’administration, les statuts ne le permettraient pas, « ce doit être un élu », explique le directeur de la SIM Mahamoud Azihary.
Après quatre rencontres autour de la répartition des biens et des dettes, une cinquième est prévue, pour de nouveau tenter de séparer le bon grain de l’ivraie…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte