CARNET DE JUSTICE DU JDM. Accrochez-vous ! Avec la liste des faits reprochés à Hassani, on a l’impression de faire la lecture de tous les délits que l’on trouve habituellement dans une audience correctionnelle tout entière.
Pour Hassani, la liste commence le 27 avril 2013 à Koungou par une histoire extorsion d’enceintes et de clé USB à un jeune âgé de 13 ans. Hassani lui donne des coups de bâton avant de se rendre chez lui pour récupérer son butin.
Ca continue en mai 2013, une période pendant laquelle il a recelé un ordinateur provenant d’un vol aggravé… celui d’une école.
Puis les 6 et 7 juillet 2013, toujours dans sa ville de Koungou, on lui reproche un vol par effraction avec deux mineurs dans cette fameuse école du baobab si souvent prise pour cible. Hassani repart avec des fournitures scolaires (des cahiers, mais pour quoi faire ?) et des disques durs et des tours prélevées dans la salle informatique. Un de ses deux complices reconnaitra lui aussi le vol, il dira même avoir cambriolé l’école à 5 reprises.
Le dossier s’épaissit avec, les 4 et 5 juillet 2013, à Koungou, des menaces et des violences sur des mineurs pour obtenir du matos informatique, comme des disques durs.
Tueur de chiens
Viennent ensuite les violences du 18 août, avec une arme sur un autre jeune, l’arme en question étant un balai… «Je l’ai frappé parce qu’il avait essayé de me poignarder», explique Hassani, une dispute et une histoire de couteau sur fond d’élevage de chiens ou plutôt de maltraitance de chiens que l’on va retrouver dans les 6es faits qu’on lui reproche: Hassani a tué trois jeunes chiens, en les battant à mort à coup de bâton.
«Le matin, je me réveille et on avait coupé la tête d’un de mes chiens», explique Hassani. L’animal avait été purement et simplement dépecé. «J’ai dit que j’allais aussi tuer ses chiens», répond-il. Et il l’a fait.
Des histoires de jeunes
Le problème dans ces histoires, c’est qu’il est bien difficile de présenter d’un côté un vilain garçon face à d’innocents jeunes citoyens. Car prévenu et victimes trainent tous à Koungou, et font partie des mêmes bandes.
Un des mineurs est venu au tribunal avec son père auquel la présidente Peyrot pose des questions. «Je suis un homme polygame, répond le père. Du lundi au jeudi, je suis à Koungou mais le week-end, je ne suis pas là.» Un père absent et peut-être trop peu concerné, de quoi permettre au(x) gamin(s) de trainer.
Le bâton contre une femme enceinte
Le casier d’Hassani est déjà chargé, avec des affaires de viols et d’agression sexuelle. Sa dernière condamnation en tant que majeur: 6 mois de prison avec sursis et 150 heures de TIG (travail d’intérêt général) pour un vol avec violence.
Alors, ce mercredi, le tribunal est allé un cran au-dessus : Hassani est condamné à 210 heures de TIG, un an de prison avec sursis et 200 euros d’amende pour avoir tué les chiots.
L’affaire est jugée mais, cerise sur le mabawa, le tribunal doit se prononcer sur un autre dossier le concernant. Hassani se retrouve à la barre aux côtés… de sa mère. Cette fois, on leur reproche d’avoir battu une voisine. Gifles, coups, bâton. La femme était enceinte de 7 mois. Cette fois, ça sera 3 mois de prison ferme pour lui et 3 mois d’emprisonnement avec sursis pour sa mère et 500 euros de dommages et intérêts.
La justice rendue, tout ce petit monde est reparti à Koungou.
RR
Le Journal de Mayotte