Un vaste projet d’aménagements et de créations d’activités à Musicale Plage pourrait connaître une rapide accélération dans les semaines qui viennent. Il est porté par une association et des professionnels qui veulent en garantir la crédibilité.
Les jeunes de Bandrélé étaient fiers de participer à leur première compétition de kayak-polo ce samedi. Et l’événement était tout sauf anodin. Car la création d’un club de canoë-kayak à Musicale plage s’inscrit d’un vaste projet associatif et commercial dans lequel se mêlent sport, éducation, tourisme et nautisme.
Tout commence par une opération de nettoyage de plages. Les jeunes de Bandrélé sont nombreux à participer, tous les week-ends depuis plus de deux mois, à un ramassage des détritus sur le littoral de la commune. L’initiative portée par l’association Messo devrait déboucher sur un cadre pérenne. Messo pourrait se voir confier une délégation de gestion de Musicale Plage par le conseil général et la commune. A partir de là, découlerait toute une série d’initiatives.
Sports et tourisme social
On y trouve un volet sportif. Avec l’appui du comité régional de canoë-kayak, un petit bâtiment pourrait sortir de terre à l’arrière de la plage, avec des vestiaires, des zones de stockage des matériels, une salle de réunion… Des installations qui pourraient également servir pour de la natation, de la plongée, du paddle et de la randonnée pédestre.
Un deuxième bâtiment serait également construit. Lui, serait consacré à du «tourisme social». On y trouverait un gite d’accueil de 40 lits destinés à une clientèle associative pour des vacances mais aussi des séjours culturels, musicaux ou de théâtre par exemple.
Petite zone portuaire et taxi boat
Cette partie associative du projet permettrait aussi de doter Musicale Plage d’un petit port, avec une trentaine de corps-morts pour accrocher des bateaux et une calle de mise à l’eau.
C’est là qu’une activité commerciale vient s’ajouter au projet. Taz de Mayotte Expl’eau relocaliserait son club de plongée sur Musicale Plage, avec dans l’idée de se diversifier.
Il pourrait ainsi lancer le chantier d’une embarcation de 35 passagers. L’objectif serait de proposer des rotations entre Bandrélé, Pamandzi et Mamoudzou «pour tous les gens du sud qui travaillent sur Petite Terre et pour offrir un autre accès à Mamoudzou», explique Taz.
Cette embarcation aurait également des créneaux de journée réservés aux scolaires pour permettre aux 1.400 élèves du collège de bénéficier d’un enseignement et de sensibilisations écologiques.
Maîtres-nageurs mahorais
Une autre société devrait également voir le jour qui proposerait une aire de carénage aux normes avec 0% de rejets dans la nature ainsi qu’un magasin d’accastillage proposant du matériel pour bateau, plongée et pêche.
Bref, il s’agirait d’une véritable petite zone d’activités, à taille humaine, tournée vers le lagon et ses utilisateurs nautiques.
L’arrivée de ces activités obligerait la création d’un chenal traversier pour canaliser la circulation des bateaux. Et la municipalité verrait aussi d’un très bon œil la mise en place d’une zone de baignade surveillée. La ville pourrait d’ailleurs s’engager pour que des Mahorais bénéficient de formations de maîtres-nageurs sauveteurs. Accompagnée des conseils du SDIS 17 (Charente-Maritime), l’école de natation projette la mise en place de formations, et des examens de maître-nageurs sauveteurs (BNSSA), ainsi que la création de postes de secours à Musicale plage et à Sakouli.
Des dirigeants aguerris
Trop beau et trop gros pour être vrai et voir effectivement le jour ? Taz et les membres de l’association ne sont pas de doux rêveurs. L’association compte actuellement neuf membres dans son comité directeur, essentiellement des chefs d’entreprises et des dirigeants administratifs. Ils connaissent Mayotte et ils ont choisi de s’investir dans un projet d’abord à destination d’une commune et de ses habitants.
«Je travaille au montage de ce projet depuis 2007», explique Taz. «Aujourd’hui, on est à un moment où les énergies et les possibilités de financements sont là. L’Etat, en particulier via la Dieccte*, les fonds européens, la commune… la liste est longue de ceux qui peuvent permettre à ce projet d’entrer dans une phase active très rapidement.» De nombreuses études ont été effectuées et de fait, les signatures qui devraient tomber dans les prochaines semaines pourraient lancer des opérations.
Au total, Messo a chiffré à 3 millions d’euros les besoins pour réaliser la totalité de ces ambitions.
La population impliquée
«L’autre chose très importante est que nous faisons ça pour la population de Bandrélé et avec elle. Nous avons organisé un colloque au mois d’octobre pour présenter l’idée et entamer un débat», précise Taz. Pas question de privatiser la plage, d’en limiter l’accès ou la fréquentation ou de lui faire perdre son âme. Les initiateurs du programme promettent qu’elle resterait la plage des voulés tout en devenant un site porteur d’emplois et d’activités.
L’île aux parfums étant également l’île aux projets, nombreux seront ceux qui attendront avant de s’enthousiasmer, pour être sûr que cette initiative, même si elle semble tout à fait sérieuse, ne sera emportée, comme tant d’autre avant elle, par le souffle des alizés.
RR
Le Journal de Mayotte
*Dieccte : Direction des entreprises, de la consommation, de la concurrence, du travail et de l’emploi