Le secteur culturel : « Le conseil général ne doit pas être une entreprise de spectacle »

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Durant cette semaine, nous avons tenté de dessiner la trame du conseil départemental (ex-général) idéal, du moins tel que le voient les acteurs du médico-social, de l’agriculture, de la formation professionnelle et même du parlementaire qu’est Ibrahim Aboubacar. Nous nous intéressons ce vendredi à la culture. Une esquisse destinée aux futurs élus départementaux.

Théâtre roiLe secteur culturel rejoint tous les autres sur au moins un point : il faut arrêter le bricolage. « Nous ne connaissons pas la ligne directrice, la politique culturelle du département », déplore El Madjid Saindou, directeur de Ariart, qui produit des pièces de théâtre en revisitant les classiques comme « Trumba la Antigoni », ou « La petite histoire », une suite imaginée de Tristan et Yseult. Le conseil général a participé à hauteur de 15% du budget.

Le développement culturel, un « vaste chantier à Mayotte», appuie Dell qui porte le festival Milatsika. Et qui appelle une politique volontariste, « aussi bien de la part de l’Etat que des collectivités territoriales ». Il précise néanmoins que ces trois dernières années, Milatsika bénéficie du financement du conseil général.

Déléguer aux professionnels

Mais ce n’est pas son rôle, explique l’artiste, qui voit le département comme un centre de ressources, « et non comme une entreprise de spectacles vivants comme c’est le cas actuellement en organisant des évènements culturels d’envergure comme le Festival Inter Mizik ». Des prestations que le département devrait déléguer, « par un appel à candidature ou à projet pour l’organisation des grands évènements culturels ».

Car, contrairement au secteur de la santé et du social, ou de la formation professionnelle, aucun schéma structurant n’encadre la culture à Mayotte. Chacun monte son projet dans son coin, sans savoir trop à qui s’adresser, « parfois c’est à la Dilce d’Alain Kamal Martial, parfois aux Affaires culturelles, et quelques fois aux élus… nous n’avons pas d’interlocuteurs précis », déplore El Madjid Saïndou.

Des futurs LuchiniSUBHASH en concert en Inde en 2013

Un département maitre d’ouvrage responsabiliserait les acteurs, « avec des cahiers des charges précis », et permettrait de professionnaliser le secteur et même de le rendre économiquement viable, « aboutissant à des créations d’emplois. L’action culturelle doit être conçue dans sa dimension économique », poursuit Dell, «il faut la développer comme un métier ».

Ce qui permettrait ensuite d’élargir l’espace à la région, « et même d’intégrer Mayotte dans des réseaux nationaux d’aide à la création et aux soutiens des artistes et de leurs droits », voire participer à des festivals ou marchés internationaux. Un résultat qui ne passera que par la structuration des enseignements artistiques, comme le prône El Madjid Saïndou.

L’envie d’assister à de beaux et nombreux spectacles de musique, théâtre ou danse, dépend donc d’une seule volonté, celle de l’élu(e) qui sera en charge de la culture, et qui devra lui dédier un schéma directeur, pour déboucher sur sa professionnalisation.

Un rêve qui peut commencer par un point noté en numéro un sur la liste des artistes, une salle de spectacle, « avec au préalable, une réflexion sur sa gestion à long terme, ce qui fait souvent défaut à Mayotte »…

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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