Les associations Bouge-toi Mayotte et Shimé organisaient la première grande dictée de notre département ce samedi après-midi à Dembéni. Le beau texte agrémenté de mots souvent inconnus des candidats n’a pas obtenu mieux que 4 fautes.
«Un séjour mahorais». Le titre de la grande dictée de Mayotte promettait une promenade entre l’aéroport de Mayotte et Mamoudzou. En prenant la barge, Joëlle Imbert, l’auteure du texte, partageait ainsi sa découverte de la résidence du préfet, «une vigie hiératique dont la présence comminatoire et bienveillante» saluait son arrivée.
Haykal, un instituteur de 27 ans assis dans l’hémicycle devant la copie qu’il s’apprêtait à remplir, était venu tester son orthographe. «On n’a pas le temps de réviser à la maison. Simplement, ce matin, j’ai posé des questions à mon petit frère qui est très bon, pour savoir comment s’écrivent des expressions comme ‘guet-apens’ par exemple».
Dhoihirati et Hamida sont étudiantes en 2e année de lettres. Elles se sentaient «un peu dans (leur) élément» face à ce texte. «Ce que je crains, ce sont les accords avec le verbe voir», soulignait Dhoihirati.
Plus loin, on reconnaissait Mahmoud Aziary, grand amateur de mots. «Je suis accro aux langues. L’arabe par exemple est une très belle langue, peut-être la plus belle de toute, très poétique et mélodieuse. Et je ne supporte pas les fautes d’orthographes. Ca m’empêche presque de lire», confiait-il en souriant.
Le mot du jour : quisqualier
Dans le texte de cette dictée, ce sont les fleurs mahoraises qui ont, semble-t-il, égaré dans leur parfum, les candidats au billet d’avion pour Pemba : quelle orthographe pour frangipanier, ylang ylang ou allamanda ? Peu de monde savait également que le quisqualier des Indes, est un «arbre magique dont le parfum puissant émane de fleurs dont la couleur change suivant le moment de la journée»!
L’autre piège majeur du texte se trouvait dans la couleur du lagon : «Qui eut pu imaginer une eau si translucide dont la couleur ressemblait à la description que fait Homère des yeux pers d’Athéna ?» s’interroge l’auteure.
Les yeux n’étaient donc ni pairs, ni pères et encore moins paires. Nous sommes nombreux à avoir découvert ce «pers» qui est donc une couleur bleu-vert.
Quatre fautes
Au final, un prof de français de Kawéni 1 obtient le meilleur résultat avec 4 fautes. S’il était ravi de cette première place, il éprouvait presque plus de fierté pour les résultats obtenus par ses élèves : «Je m’attendais à mieux. J’ai fait beaucoup d’erreurs bêtes… Je suis professeur de lettres classiques et aux ‘yeux pers’, je n’aurais pas dû faire de faute.» Plus tôt dans la journée, un de ses élèves de 4e s’est adjugé la 2e place. Malide Younes permettait ainsi à Kawéni d’exister face au raz-de-marée du collège de Petite Terre… qu’il faut donc écrire avec des majuscules mais sans tiret… «le pont ce n’est pas pour tout de suite», plaisantera Rastami Spello de Shimé. De même pour ylang ylang, deux mots qui ne sont pas liés.
La maison du Gouverneur (avec une majuscule). Des talons hauts fermés (des «s» partout)… Après avoir franchi quelques-uns de ces pièges, 16 candidats sont parvenus à faire moins de 10 fautes. Avec 154 venus concourir, cet après-midi de français fut un beau succès. Certains se sont même pris à rêver que l’événement se transforme en un véritable championnat.
RR
Le Journal de Mayotte