Les Mahorais étaient appelés aux urnes ce dimanche pour élire les futurs conseillers départementaux en charge de la gestion du département. De ceux qui l’étaient jusqu’à présent, bien peu sortent leur épingle du jeu électoral.
Premier constat : le taux de participation de ces élections départementales est supérieur d’au moins deux points aux cantonales de 2011, annoncé à 23 h, à 62,53%.
Les forces politiques ne sont toujours pas clairement définies. Sur les 13 cantons, on compte néanmoins 6 UMP en ballottage favorable, 5 centre et deux apparentés gauche. Mais la notion qui reste floue, alliée au basculement encore plus nébuleux des voix, laisse le suspense entier dans presque tous les cantons.
Douze des précédents conseillers généraux avaient choisi de rebriguer un mandat qui sera pour tout le monde de 6 ans. Seuls trois sont en tête pour le second tour, dont deux anciens présidents de l’assemblée. Certains conseillers sortants sont battus avec des scores sévères.
Aucun candidat n’est élu au premier tour. Il s’en est fallu de peu à Dzaoudzi pour le divers gauche Issa Soulaimana Mhidi, ancien maire de Labattoir, et Fatima Souffou, qui font le meilleur score, avec 49,20% des suffrages. C’est cependant l’incertitude pour le second tour, il y a en effet fort à parier que les 22,51% des voix MDM iront vers les seconds, Ousseni Index et Claris Ramiandrason (28,29%).
Bon résultat également pour Daniel Zaïdani qui bénéficie de son statut de président sortant, un label qui a toujours fonctionné à Mayotte, puisqu’il obtient dans son canton de Pamandzi, 48,61%, avec sa binôme Soihirat El Hadad. Il aura en face de lui au deuxième tour Ramlati Ali, l’ancienne maire divers gauche de Pamandzi accompagnée de Mohamed Ali. Classé divers droite, bien que membre du MDM, on voit mal comment le président pourrait être inquiété, les reports des voix des autres candidats divers droite, et UMP, à qui il a fait de l’œil en fin de mandature, pouvant s’effectuer en sa faveur. Mais l’histoire nous a appris à nous méfier des évaporations de voix à Mayotte.
Pas facile de surfer au-dessus des 12,5%
A Koungou, le ballottage est défavorable à Saïd Ahamadi « Raos », le 3e vice-président du conseil général, qui arrive deuxième avec 27,30% contre 40,75% à l’UMP Bourouhane Allaoui, ancien directeur général adjoint de la mairie, et Raïssa Andhum, qui pourrait se révéler comme l’élément moteur du binôme.
La particularité de Mamoudzou 3, c’est qu’aucun des 8 binômes ne passe la barre des 12,5% des inscrits nécessaire au maintien pour le second tour, multiplicité des candidats oblige. Dans ce cas, les deux premiers sont qualifiés : il s’agit du centriste El-Had Mascati et Saoudat Abdou, 23,74% des voix, et de l’UMP Ali Debré Combo et Mariame Saïd, 18,38%.
A Tsingoni, le candidat sortant arrive derrière… un autre candidat sortant. Grâce à la magie du regroupement cantonal, Ben Issa Ousseni, ex-conseiller UMP du canton perdu de Mtsangamouji, a décidé de venir marcher sur les plates-bandes du socialiste Issoufi Ahamada. Bien lui en a pris, puisqu’avec Fatimatie Razafinatoandro, il obtient 37,01% des voix, contre 24,53% pour Issoufi Ahamada-Roukia Mahamoudou, 24,53%. Le grand perdant est l’ancien maire de Tsingoni, Ibrahim Boinahery, qui totalise avec Mdzadze Mroivili 18,93%, sans la possibilité de se maintenir au second tour. Ses voix pourraient aller au conseiller sortant, socialiste comme lui, qui ralliera aussi les divers gauche.
L’histoire du canton perdu se répète à Bouéni où le «Kani-Kélien» et ancien président du CG, Ahamed Attoumani Douchina obtient avec Afidati Mkadara, 21,06% des voix pour l’UDI, une très courte avance sur le candidat de gauche sortant Mirhane Ousseni accompagné de Samawia Ahmed, 20,79%. Ces 15 voix d’écart ne sont rien au regard des 1.792 collectés par les 3e et 4e qui ne peuvent se maintenir.
Le mystère UMP à Sada
Tout le monde avait les yeux rivés sur Sada et le doublon UMP. L’élection n’aura pas du tout profité à la paire Ali Madi-Moina Echat Sabili, pourtant investie par Paris et qui, sentant le vent tourner, avait saisi les tribunaux pour débouter, en vain, le binôme Mohamed Bacar-Mariame Madi Boina qui leur ravit la victoire du 1er tour avec 29,92% des voix. Leur donneront-ils leurs voix au deuxième tour ? C’est toute la question alors que le canton pourrait s’offrir une triangulaire UMP-divers droite-divers gauche si tous les candidats se maintiennent, ayant tous obtenu à peu près le même score.
Triangulaire possible aussi à Mamoudzou 2 où le conseiller général sortant, l’UMP Zaïdou Tavanday accompagné de Nouriati Boura Abdallah, n’obtient que 26,45% des voix contre 48,56% au vieux renard politique, le socialiste Chihabouddine Ben Youssouf avec Zaihati Madi-Mari. Le second tour devrait être tendu, les 669 voix de la liste divers droite arrivée en troisième position feront la différence.
Enfin, deux grosses surprises à Mtsamboro où le conseiller actuel, Ali Bacar, aura mal négocié son virage de l’UMP vers l’UDI puisqu’il ne récolte que 5,73% des voix. La preuve, c’est le candidat investi par l’UMP, Chifain Abdou et sa binôme Binti Mouhayad qui sont en ballottage favorable avec 29,88% des voix. Idem pour le sortant d’Acoua Soiderdine Madi qui ne totalise que 8,69%.
Tous les résultats sur le JDM.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte