CARNET DE JUSTICE DU JDM. Fin de cavale au Zen Eat ! Pour Abdou F., la soirée de jeudi a été plus courte que prévue. Il avait décidé de passer la soirée dans la boite de nuit… comme une poignée de gendarmes. Même en soirée, les hommes sans leurs uniformes gardaient dans un coin de leur tête les images des personnes recherchées. Clic clac menotté, clic clac incarcéré.
C’est donc le retour à Majicavo pour le jeune homme de 22 ans, considéré comme évadé depuis le milieu du mois de février. Fini le grand air, ce vendredi, il était présenté au tribunal en comparution immédiate pour raconter sa «petite évasion» et ses deux mois dans la nature.
Abdou F. avait pourtant eu de la chance. Incarcéré pour 4 ans, il avait bénéficié d’un aménagement de peine pour finir sa condamnation dans le domaine de Songoro, à Tsararano, un placement extérieur géré par l’association Tama où les détenus entament leur réinsertion. Mais le 11 février, Abdou manque à l’appel. Alors qu’il a eu l’autorisation de sortir, il n’a pas réintégré le domaine. «En placement extérieur, vous savez que vous restez sous écrous ?», demande la présidente. Evidemment, Abdou le sait.
Envie de liberté
A la barre, le jeune homme est à l’aise. Il parle parfaitement le français et il a du bagou. Alors il va tenter d’expliquer les frustrations qui l’ont poussé à partir. «J’ai toujours été sérieux. En prison, j’ai jamais posé de problèmes. Mais là-bas, pendant trois semaines, on m’a pas donné de travail. Je faisais rien !»
En plus du manque d’activité, il évoque aussi l’envie de revoir sa fille de 2 ans ou encore sa volonté de travailler pour indemniser les parties civiles… sans être tout à fait crédible. Compte tenu de sa situation d’évadé, il lui était impossible de signer le moindre contrat.
Quant à sa mère, elle était heureuse de le revoir mais pas au point de le laisser dormir chez elle, pour ne pas avoir d’ennuis !
Pourtant, la version que va livrer la procureure est moins idyllique. Elle reprend les auditions d’Abdou par la police : «J’avais besoin de prendre l’air, j’avais besoin de liberté !» Bref, il voulait juste se faire la belle.
8 mois supplémentaires
Le jeune homme était libérable en août 2016 mais il pouvait espérer, grâce à sa bonne conduite, retrouver cette fameuse liberté dès les prochaines grandes vacances.
Au lieu de cela, il va allonger la liste de ses 16 mentions à son casier, une carrière judiciaire commencée en tant que mineur à Toulouse pour des vols aggravés et poursuivie à Mayotte : mise sous protection judiciaire, heures de travail d’intérêt général, amendes, prison avec sursis puis ferme… Abdou F. cumule donc 4 ans à purger… plus les 8 mois auxquels l’ont condamné les magistrats ce vendredi, suivant les réquisitions de la procureure.
Me Andijali n’est pas parvenu à atténuer la décision. Il avait pourtant mis en avant le fait qu’Abdou n’avait rien fait d’illégal pendant sa cavale, commis aucun délit, aucune infraction.
Abdou F. devra donc patienter avant de pouvoir profiter à nouveau de sa fille en dehors des visites en prison, d’autant qu’on peut facilement imaginer qu’il lui sera plus difficile d’obtenir un aménagement de peine.
RR
Le Journal de Mayotte