De l’élimination des sacs plastiques aux dossiers européens de la pêche ou de l’assainissement, le parc naturel marin de Mayotte a planché ce matin sur tous ses dossiers avec le préfet. Objectif, connaissance, prévention mais aussi répression.
Seymour Morsy avait découvert le lagon dès son arrivée avec les équipes du Parc naturel marin. Quelques mois après, le préfet est retourné à leur rencontre, dans leurs locaux à Iloni. Il s’agissait d’aborder «les préoccupations de préservation et de mise en perspective des ressources et du patrimoine magnifique de Mayotte», indiquait le préfet à l’issue de la réunion de travail.
Cinq ans après sa création, les 32 personnes du Parc sont engagées sur de très nombreux dossiers et les coopérations avec les différents services de l’Etat se multiplient.
Il est évidemment question de la pêche. «Les pêcheurs pensaient qu’ils allaient être privés de leur ressource et d’une partie de leur zone de travail. Or, le travail du parc consiste à gérer et apporter des perspectives aux pêcheurs», reconnait Régis Masséaux, devenu président du Parc.
Connaissance du milieu et changements de comportements, le Parc agit aussi bien sur l’information que la répression. «Ces changement ne sont pas faciles à faire accepter», constate Régis Masséaux. «Certaines habitudes sont ancrées, comme par exemple sur le récif. Durant les dernières grandes marées, des gens étaient avec des barres à mine pour casser les coraux et récupérer les ressources en dessous. Jusqu’à présent, personne ne leur avait dit que ce n’est pas bien.»
Contrôler les pêches
Le contrôle des pêches devrait également s’amplifier avec de nouveaux «observateurs» qui pourraient être formés. Actuellement, le Parc avec ses 2 agents assermentés, a renfoncé ses interactions avec les affaires maritimes, douanes, gendarmerie maritime, brigade nature, services du conseil départemental… Dans le viseur, le braconnage des tortues et les pêches illicites.
Plus au large, c’est sur le dossier des thoniers, que l’attention se focalise. L’idée est toujours d’élargir la zone de pêche de Mayotte au-delà des 24 miles. «Sur ce dossier deux questions fortes», résume le préfet. «Le nombre de thoniers et le tonnage de ces bateaux.» Mais «les choses avancent lentement», regrette Régis Masséaux.
Eliminer les sacs plastiques
Pour le Parc, la question de la qualité des eaux est également un enjeu important. Il s’agit de limiter les pollutions en provenance de la terre et donc d’aborder l’assainissement. Le chantier est pharaonique, «il faut 1,2 milliard d’euros», rappelait le préfet. Mais l’Union européenne a posé un calendrier : une mise aux normes d’ici 10 ans pour les communes de plus de 20.000 habitants et encore 10 ans supplémentaires pour les autres. «L’Etat et les fonds européens sont là. Il faut trouver un partenariat avec les collectivités locales.»
Sur la question des déchets, les équipes du Parc vont rencontrer le SIDEVAM, le syndicat chargé de la collecte et du traitement. Mais là encore, des actions concrètes sont lancées. Le préfet va rencontrer les représentants de la distribution pour accélérer le remplacement des sacs plastiques par des sachets en papier ou en carton.
Approche régulée des mammifères
Même si le travail du Parc n’est pas toujours perceptible par le grand public, il revendique quelques réalisations concrètes. «Nous avons mis en place 57 points de mouillages dans le lagon, comme sur la passe en S, pour éviter les ancrages», explique Cécile Perron, la directrice déléguée du Parc naturel marin. «Même si cela peut favoriser la fréquentation, les premiers retours sont néanmoins très bons.»
Bons retours également sur le travail mené autour de l’approche des mammifères marins. «Au départ, les professionnels du lagon étaient réfractaires. Et finalement, ils sont unanimes. Il y a moins de pression de leurs clients pour des demandes de mises à l’eau.» Le message est donc bien passé et l’opération sera reconduite. Elle va même donner lieu à la labélisation des opérateurs qui devront se conformer aux règles de bonnes conduites.
Patience et citoyenneté
Parfois lentement mais en tout cas sûrement, les enjeux portés par le Parc avancent même si les effets de ces actions sont longs à constater. «La passe en S est une réserve depuis 21 ans et les effets y sont quasiment invisibles», reconnait Cécile Perron. La taille des poissons suggère que la protection n’est pas encore assez efficace. Les amoureux et les professionnels du lagon devront encore faire preuve de patience et surtout de citoyenneté.
RR
Le Journal de Mayotte