Alors que le centre universitaire crée deux nouveaux diplômes, le manque d’enseignants sera encore une dure réalité dans notre département à la rentrée prochaine. Le syndicat UNSA Mayotte prend la parole.
L’UNSA éducation a décidé de communiquer après le conseil d’administration du centre universitaire de Mayotte. C’est d’abord pour se féliciter de deux bonnes nouvelles : la création d’un diplôme universitaire (DU) sur les valeurs de la République et de l’islam, «un symbole fort et constructif», indique Eric Hourcade, le secrétaire général de l’UNSA Mayotte qui reprend à son compte les mots du préfet.
Autre nouveauté, la mise en place d’une licence pluridisciplinaire accessible avec un niveau L2 constitue «une porte de sortie vers l’enseignement». Cette licence entre dans le cadre de la refonte de la formation initiale des personnels enseignants initiée par le vice-rectorat.
Mais les satisfactions s’arrêtent là. Car le syndicat communique aussi le nombre d’enseignants ayant postulé pour Mayotte à la prochaine rentrée et ces chiffres sont loin d’être satisfaisants. Dans le premier degré, alors que 84 enseignants s’apprêtent à quitter le département, il n’y a que 68 entrées annoncées.
Nombre record de contractuels
«C’est une grande déception. On avait tout fait pour endiguer les départs et la panique qui s’est installée», indique Eric Hourcade. Mayotte paierait en effet la cacophonie sur les statuts de ces personnels et leur possibilité de retourner dans leur département d’origine. Malgré les garanties de la ministre de l’Education nationale qui a même étendu le système à la Guyane, «les collègues sont fatigués de cette instabilité statutaire», précise Eric Hourcade.
Dans le second degré, le statu quo apparent cache une situation également peu favorable. On compte 254 entrants pour 252 sortants. Problème : environ 150 postes équivalent temps plein sont créés, selon l’UNSA.
«On va faire une rentrée avec un déficit de 650 postes… sachant que l’an dernier à la même période, on recensait un manque de 450 postes pour atteindre au final 690». Autant dire que le nombre de contractuels pourrait toucher un nouveau record.
Déstabilisés par le court terme
Pour le syndicat, l’autre problème majeur est le départ de cadres de notre département. Là encore, c’est la grande inconnue administrative qui éloigne. «Du côté des administratifs de l’Education nationale, fin 2014, les collègues se sont vus signifier l’annulation du retour assuré dans leur académie d’origine. Et ce au mépris des accords de la période transitoire», relève le syndicat.
Si on rajoute les problèmes dans les paiements des indemnités d’éloignement, le cadre juridique permettant des interprétations : des retards d’un an et demi pour certains, des paiements échelonnés pour d’autres… «Cette instabilité est très lourde pour tout le monde», note Eric Hourcade.
Finalement, le syndicat a l’impression d’un grand gâchis : «Dans l’élémentaire, le secondaire ou le supérieur, pour les administratifs ou les enseignants, à un moment où l’Etat investit beaucoup d’argent pour l’éducation à Mayotte, on ne met pas les personnels dans une situation qui leur permette de se projeter, dans un calendrier suffisamment long. Quand on a des acteurs qui réfléchissent année après année, ça impacte les projets.»
RR
Le Journal de Mayotte