Avec la professionnalisation de leur métier, les policiers municipaux de Mayotte pourraient bien bénéficier de la réflexion visant à les armer, issue de l’attentat en janvier contre une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine).
C’est presque fait : ceux qui n’étaient que des « agents faisant office de », sont peu à peu admis au sein du corps des policiers municipaux. On se souvient qu’à la suite de leur grève d’août 2009, demandant la professionnalisation de leur corps de métier, ils ont peu à peu passé la FIA, la Formation initiale d’application, passage obligé pour être agréé par le préfet et le procureur.
« Nous en sommes à la 8e promotion », explique Anfane M’dogo, responsable du service de police municipale à la mairie de Mamoudzou. Sur 32 agents, 26 le sont, les autres sont en passe de l’être.
Ils peuvent donc désormais constater les infractions au Code de la route, en matière de Code de l’urbanisme ou d’insalubrité. « Nous sommes aussi appelés* pour des nuisances olfactives, visuelles ou sonores », complète le policier. Pas après 21h puisque faute d’effectif suffisant, ils ne travaillent pas la nuit, « nous assurons de jour la surveillance des établissements scolaires ».
Une donnée qui pourrait changer avec la nouvelle équipe municipale, qui pourrait d’ici juin leur donner les moyens d’une mission nocturne, en correspondance avec les objectifs sécuritaires de l’équipe du maire Majani Mohamed qui avait annoncé l’implantation de vidéosurveillance.
« Maintien du bon ordre »
Du côté de l’armement, une réflexion est en cours sur le plan national à la suite de l’exécution de la policière municipale à Montrouge par Amedy Coulibaly : « sur le territoire national, nous ne sommes pas systématiquement armés. Cela dépend du maire. Et l’agrément du port d’arme est donné par le préfet. »
A Mamoudzou, une demande a été formulée, « sur des armes intermédiaires comme le flash ball ou le taser ». Mais attention, les cartouches ne sont pas les mêmes que celles des gendarmes ou de la police nationale. Car ils n’ont pas le droit de faire de maintien de l’ordre, « seulement un maintien du bon ordre ». Une nuance qui n’a l’air de rien, mais qui résume leur action à la sureté des biens et des personnes, « nous sommes là pour protéger, aider, secourir, renseigner et en dernier lieu, verbaliser ».
C’est une police qui se veut de proximité, « nous privilégions donc le dialogue, la prévention, avec un but, que les administrés vivent en harmonie ».
Une proximité qui sera renforcée par des bureaux annexes, dont l’un vient d’être inauguré ce jeudi à côté de la place de l’ancien marché, « pour sécuriser le marché et ses environs, et lutter contre la vente à la sauvette ». Deux autres le seront prochainement à Kawéni et Passamainty.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Police municipale : 0269 63 09 64