Il faut dire qu’on visitait la maison de Vincent Liétar un peu comme un musée ce jeudi matin. Dernières photos ou clichés-témoins ? Il semble que la préfecture a tranché.
Ambiance tendue rue Saharangué ce jeudi matin devant la maison de Vincent Liétar. La tractopelle prête à attaquer la maison du locataire en délicatesse avec le patron de la SIM, faisait face aux occupants de la maison, amis et connaissances, venus pour un café de soutien.
Premier coup de théâtre quand les policiers sur place reçoivent l’ordre de ne pas intervenir sur décision de la préfecture. Mais ils demandent une décision écrite. Qu’à cela ne tienne, elle arrivera quelques minutes plus tard : «un régime d’instance de classement au titre des monuments historiques des quatre cases rue Sarahangué», signé de Vincent Berjot, directeur général des patrimoines.
Classement en urgence
Cette intervention préfectorale était l’argument qui permettait à Mahamoud Azihary de démontrer qu’il y a à Mayotte, deux poids et deux mesures. Devant les caméras et les micros, il revient sur les 120 opérations qui ont conduit à expulser bien des habitants, « des Mahorais qui évidemment n’ont pas le bras long ».
L’instance de classement en urgence étonne beaucoup de monde, «on aimerait que la préfecture soit aussi rapide sur bien d’autres décisions». Surtout que seuls deux monuments sont classés à Mayotte : la Résidence du Gouverneur en Petite-Terre et la mosquée de Tsingoni. La Maison du gouverneur de Grande-Terre n’est toujours pas classée.
La tractopelle en embuscade
Pour l’avocat Mansour Kamardine, pourtant habitué à pourfendre l’Etat colonial dans ses plaidoiries, on est en pleine irrationalité : «C’est à l’origine un conflit locataire-bailleur. Il y a une procédure de justice en cours, la SIM ayant lancé un appel sur une décision de non-expulsion de l’occupant. En démolissant avant la décision, ce n’est pas Vincent Liétar qu’il aura en face, mais le procureur ! »
Vincent Liétar, lui, se dit soulagé, « je peux dire que j’ai sauvé la maison. Mais pour aujourd’hui seulement… La tractopelle peut agir n’importe quand ! » Il avait d’ailleurs juste terminé sa phrase quand les ouvriers de la SIM tentaient de démonter le portail… avant que la police ne s’interpose.
La SIM et le pouvoir
Finalement, la tractopelle, les ouvriers et Mahamoud Azihary ont quitté les lieux, après que le directeur de la SIM ait déchiré devant les caméras la notification de la préfecture : « les préfets changent mais ils continuent à protéger des intérêts qui ne sont pas ceux de la population mahoraise. Après mon départ de la SIM, je sais ce qui va se passer. Ces gens vont récupérer le pouvoir et défendrons leurs intérêts, uniquement leurs intérêts », prévenait Mahamoud Azihary. Le conseil d’administration de la SIM doit se réunir à la fin du mois pour décider de l’avenir du directeur actuel.
La rédaction
Le JDM
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