En 2015, Mayotte doit poursuivre ses efforts

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L’appréciation donnée par l’IEDOM* (délégation de la Banque de France) à Mayotte pour son économie balançait entre le «peut mieux faire», et la session de rattrapage, ce mardi après-midi. Pour la première fois, on connaît un peu mieux le panel d’entreprises mahoraises.

Yves Mayet mettait en évidence le flou sur les finances des collectivités
Yves Mayet mettait en évidence le flou sur les finances des collectivités

Une conférence argumentée, qui ne se contentait pas de chiffres, mais donnait, avec les moyens du bord, une perspective sur les années 2014-2015.

On connaît la spécificité de notre économie : duale, avec ses deux secteurs formel et informel « qui ne sont pas quantifiés », souligne en le déplorant Ali Charif Daoulab, chargé du suivi économique à l’IEDOM, et basée sur des dépenses et des transferts publics de la métropole, déséquilibrée « parce qu’inégalitaire en terme de revenu, et de répartition géographique ».

Ses moteurs de croissance sont la consommation des administrations et des ménages, et la commande publique (des collectivités, mairies, conseil départemental).

Quels moyens pour les communes ?

Ali Charif Daoulab dépeignait une économie marquée par la déficience d'investissement
Ali Charif Daoulab dépeignait une économie marquée par la déficience d’investissements

Sur 2014, aucun miracle n’était à attendre en cette année de transition fiscale et institutionnelle, il n’y en eut d’ailleurs pas : l’inquiétude des chefs d’entreprises a été inconstante, mais prend sa source dans le manque de visibilité sur l’évolution de la conjoncture à court terme, un peu comme en métropole, « mais aggravée par la méconnaissance de ce que sera le budget des collectivités, et donc l’importance de leur dépense publique », fait remarquer Yves Mayet, le directeur de l’IEDOM Mayotte. La fermeture d’un an du greffe a également différé l’éclosion de projets.

Les investissements des grosse entreprises auront été essentiellement tournés vers le renouvellement de l’outil de production.

C’est toujours la consommation des ménages qui porte l’économie. Autrefois explicable par les augmentations successives du SMIG en convergence vers le métropolitain, on peut considérer que l’indexation dont ont bénéficié les fonctionnaires, y a contribué, avec +10,6% de vente de véhicules neufs en plus qu’en 2013 et des crédits à la consommation en hausse de 14%. L’inflation, plus importante qu’en métropole, se cantonnait néanmoins à 0,9%, portée par les produits alimentaires.

On connaît les chiffres de l’emploi par l’INSEE, avec un taux de chômage de 19,6% au sens du Bureau international du travail (BIT), soit 10 500 demandeurs d’emploi, « mais avec un fort halo de population en âge de travailler qui n’est pas inscrite ».

L’économie ne peut pas tout absorber

Des entreprises qui oscillent entre stabilité et vulnérabilité pour Bénédicte Daubin
Des entreprises qui oscillent entre stabilité et vulnérabilité pour Bénédicte Daubin

Et on pourra tordre le marché de l’emploi dans tous les sens, « il est illusoire de croire que sur 10 ans le potentiel économique mahorais permettra d’absorber le nombre de jeunes arrivant chaque année sur le marché du travail », glisse Yves Mayet. Ce qui ne doit pas décourager les énergies créatrices…

La collecte d’épargne est en augmentation, « le meilleur chiffre de l’histoire du département avec prés de 50 millions d’euros, soit 12% en plus de dépôts à vue qu’en 2013 », se réjouit Watwan Tavanday, en charge des établissements de crédit et monétaire.

Une bonne nouvelle d’autant qu’on ne peut pas dire qu’elle se constitue au détriment de la consommation. Mais bonne nouvelle pour les banques surtout, puisque les chiffres montrent qu’elles prêtent plus qu’elles ne le peuvent, et sont donc obligées de se refinancer auprès de leur maison mère. Ce qui théoriquement doit accroitre les taux de prêt, « pas tant que ça soutient Yves Mayet, au regard du peu de liquidités qui circulent justement. »

4100 entreprises… toutes petites

Grande nouveauté, l’IEDOM propose cette année un panorama des entreprises, en quantité et qualité. On savait les chambres consulaires (CCI, CAPAM et CMA) en cours de structuration pour parler gentiment, on en a la preuve : quand elles comptabilisent 12.100 entreprises, 4.100 sont enregistrées sur le Fichier interbancaire de la Banque de France…

Sur ces 4 100, 96% ont un chiffre d’affaire inférieur à 100 000 euros, elles sont 157 à plus de 750 000 euros et 4 à dépasser les 50 millions d’euros. « Un tissu de petites entreprises donc », résume Bénédicte Daubin qui s’est amusée coter l’ensemble. Une sorte de note qui permet de savoir lesquelles peuvent honorer leurs engagements à 2 ou 3 ans. Facile pour une banque de les avoir comme client, et ainsi de négocier un bon taux pour se financer sur l’Eurosystème. Car les entreprises sont trois fois plus qu’en 2006 à connaître des incidents de paiement.

Pas de bouleversement en vue pour 2015, « l’ajustement est plus long que prévu, avec des modalités du Contrat de projet Etat-région pas précisées, des investissement dans les fond européens qui tardent et la fiscalité des collectivités dans le flou. »

Les maires et les élus du département savent que de leur capacité à bien gérer, à dégager une épargne pour investir dépend le dynamisme de la commande publique, donc de l’économie.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

*Institut d’Emission des Départements d’Outre-mer

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