Assassinat ou accident, l’énigme du cadavre assis de Petit Moya

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Le corps sans vie d’un homme a été découvert ce dimanche matin sur la plage de Petit Moya, sur Petite-Terre. L’homme était assis contre des rochers avec d’importantes plaies au crâne. L’autopsie est prévue pour demain mercredi pour lever une partie du mystère.

Gendarmerie gendarme de dosLa balade du week-end a tourné court pour un couple ce dimanche matin à Petit Moya. Les promeneurs ont fait une macabre découverte, le cadavre d’un homme dont le crâne portait de nombreuses blessures. Sur la dépouille, on pouvait également distinguer des traces de saignement au niveau des yeux et des oreilles.
«Les premières constatations du médecin qui s’est rendu sur place font état de plaies profondes et longilignes au niveau de la tête», indique Joël Garrigue, le procureur de la République au JDM. Elles semblent être à l’origine de la mort.

Mais impossible de s’en tenir là. Trop d’éléments intriguent, à commencer par la position du corps : l’homme était assis, adossé à des rochers.

Sur lui, les gendarmes ont retrouvé l’équipement traditionnel de celui qui fait une traversée en kwassa depuis Anjouan : un double short, des affaires stockées dans une succession de sacs plastiques… Petit Moya est une plage connue pour servir de lieu d’accostage des embarcations qui font la périlleuse traversée.

La date du décès est déterminante

Les plages de Moya avec des beachages réguliers de kwassas
Les plages de Moya avec des beachages réguliers de kwassas

Le voyage d’Anjouan a d’ailleurs été confirmé par sa famille, car la question de l’identité du corps a été réglée très rapidement.
Ses proches étaient inquiets. Ils attendaient l’homme dont le retour d’Anjouan était prévu pour vendredi ou samedi. Ils avaient alerté des associations de Petite Terre. L’homme, âgé de 48 ans, vivait à Mayotte depuis de nombreuses années. Il y partageait sa vie avec sa femme avec laquelle il a eu au moins un fils. Ce sont eux qui ont signalé son absence.

Alors, que s’est-il passé ? Le travail des enquêteurs pour déterminer les causes du décès devrait être grandement facilité par l’autopsie. Elle doit être réalisée demain mercredi. Elle permettra peut-être de livrer une première information déterminante : la date du décès.

Hypothèses

Accident ou chute, bagarre ou violences jusqu’au meurtre, aucune hypothèse ne peut à l’heure actuelle être privilégiée par les enquêteurs. Mais la date de la mort devrait permettre d’affiner des scénarios.
L’homme était-il vivant lorsque son kwassa a beaché à Petit Moya ou a-t-il été installé contre le rocher après son décès ?
Les événements tragiques ont-ils eu lieu sur la plage de Petite Terre ou durant la traversée ? A moins que l’homme ait eu des problèmes à Anjouan auquel cas ce voyage était pour lui celui d’un kwassa sanitaire qui l’amenait vers des soins ?

Joel GarrigueL’autopsie pourrait aussi livrer les causes exactes de la mort car, autre fait marquant, aucune trace n’a été relevée sur les bras ou les jambes de la victime, des marques que l’on trouve habituellement après des échanges de coups.

Justice française ou comorienne ?

Si l’autopsie est donc attendue, la clé de l’énigme du cadavre assis de Petit Moya est peut-être ailleurs. Ce sont quelques personnes qui pourraient résoudre ce qui est, à l’heure actuelle, un mystère. Les enquêteurs aimeraient retrouver les autres passagers du kwassa à bord duquel l’homme a voyagé. Ils connaissent, sans nul doute, les moments tragiques qui ont conduit à la mort de cet homme.

Leur témoignage permettrait de savoir quel tour va prendre cette affaire. Car au-delà du travail d’enquête, une question ne manquera pas de surgir : la justice française est-elle compétente pour se pencher sur ce dossier ? La réponse est oui, si l’homme, de nationalité comorienne, est décédé en France. Mais s’il s’avère que son décès est antérieur à son arrivée dans nos eaux territoriales, le procureur de la République à Mayotte n’aurait alors pas d’autres choix que de remettre son dossier à son homologue à Mustamudu (Anjouan/Comores) pour boucler l’affaire.

La famille, les enquêteurs comme le procureur attendent avec impatience les premiers éléments issus de l’autopsie.
RR
Le Journal de Mayotte

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