CARNET DE JUSTICE DU JDM. Un homme a été condamné pour un braconnage de tortue à 3 mois de prison avec sursis, 800 euros de dommages et intérêts pour l’ASPAS, l’association pour la protection des animaux sauvages, 400 euros de frais de justice et une interdiction du territoire pendant deux ans.
Il a été pris en flagrant délit à Acoua par des agents de la brigade nature au milieu du mois d’avril, alors qu’il était en train de retourner une tortue verte pour la dépecer. Placé en garde à vue, l’homme en situation irrégulière avait reconnu les faits même s’il mettait en avant le fait de ne pas l’avoir tué… Il n’en avait, effectivement, pas eu le temps.
Devant les gendarmes, il s’était tout de même accusé d’un « autre coup », un braconnage en bonne et due forme. Pour expliquer ses pratiques, il avait mis en avant le besoin d’argent. La viande de tortue peut en effet trouver preneurs à 15€ le kilo… Malgré son caractère impropre à la consommation.
Une viande dangereuse
De retour de Madagascar, l’avocate de l’ANPAS Me Catherine Préaubert rappelait les nombreux cas d’intoxications alimentaires dans la Grande Île où la consommation de viande de tortue est courante. Dix personnes sont même décédées dans un village côtier malgache.
Au même titre que la viande de requins qui concentre beaucoup de polluants, la viande de tortue peut en effet s’avérer dangereuse pour la consommation humaine, d’autant que les tortues développent des maladies particulières aux conséquences parfois lourdes sur les hommes en cas d’absorption.
Donner un coup d’arrêt au braconnage
Le prévenu avait été placé sous contrôle judiciaire avant l’audience de ce mercredi mais il ne s’est pas présenté pour s’expliquer et se défendre. Conséquence, le parquet avait requis 6 mois de prison ferme, autant pour marquer son mécontentement que pour réaffirmer la volonté des autorités de donner un coup d’arrêt à ces pratiques de braconnage dans le département.
Ce n’est que le casier judiciaire vierge du prévenu qui a joué en sa faveur.
Pour mémoire, le Réseau échouage de mammifères et de tortues marines (REMMAT) a recensé 262 cas de braconnage de tortues en 2014. Et l’ensemble du département est concerné avec 137 cas de braconnage recensés dans le sud (Kani-Kéli et Bandrélé), 56 cas dans le nord (Mtsamboro et Acoua) et 28 cas sur Petite Terre.
Le REMMAT poursuit sa campagne de sensibilisation contre «les tueurs et mangeurs de tortues» qui détruisent Mayotte.
RR
Le Journal de Mayotte