Mouhamadi Moussa, président nouvellement élu du SIEAM avait promis de faire un point régulier sur son action. Un an après son arrivée à la tête du syndicat des eaux et de l’assainissement, c’est chose faite. Voici les chantiers, immenses, de l’institution.
Les enjeux que doit relever le SIEAM sont sans équivalents dans notre département, pourtant habitué à la démesure des opérations de rattrapages. Le syndicat d’investissement des eaux et de l’assainissement, manie des projets et des chiffres qui donnent le vertige. Et impossible de se défiler.
Concernant d’abord l’eau potable, c’est un budget de 71M€ qui est programmé pour les 5 ans à venir… dont 34M€, uniquement pour la future retenue collinaire de Combani. Cette 3e retenue de 3 millions de m3 avance bel et bien. «Un terrain d’entente a été trouvé avec les propriétaires du foncier à une exception près et le conseil départemental nous vend ses emprises pour 1 euro symbolique», explique Bacar Chebane Fardi, le directeur des services technique du SIEAM.
Le démarrage des travaux est pour 2017 pour une mise en service en 2020. L’ouvrage est essentiel pour éviter une pénurie d’eau potable dans les années à venir. L’option du dessalement de l’eau de mer a été écartée, car trop coûteuse. Et les forages ne pourront plus fournir suffisamment la demande, même si une 5e campagne de prospection a été menée. «Sur les huit puits, 7 ont été jugés positifs», explique Bacar Chebane Fardi.
D’autres chantiers sont également en cours, moins spectaculaires mais tout aussi importants, comme la sécurisation de l’approvisionnement de Sada (1M€).
Renégocier le contrat avec la SMAE
Le syndicat voudrait également mettre à l’ordre du jour, la renégociation de contrat avec la SMAE, délégataire de la gestion et à qui nous réglons nos factures. «Compte tenu de l’augmentation du nombre de clients, l’équilibre économique du contrat entre les recettes et les coûts a été modifié», indique Mouhamadi Moussa, le président du SIEAM. Les négociations s’annoncent intenses !
Mais c’est l’ampleur de la tâche sur le dossier de l’assainissement qui continue de donner le tournis. «C’est là le grand défi et on va y répondre. On nous attend sur l’avenir et nous sommes prêts !» affirme Mouhamadi Moussa.
D’ores-et-déjà, à Dembéni et Hajangua, les travaux de raccordement à la station d’épuration (STEP) se poursuivent (8M€). Même chose pour le chantier des eaux usées vers la STEP du Baobab à Mamoudzou (4,3M€) et Mgombani (1,5M€).
Les incidents du mois de février à la STEP du Baobab ont aussi servi de leçon sur la liste des instruments et des équipements à contrôler et maintenir en état.
L’échéance de 2020
Mayotte a jusqu’à 2020 pour installer l’assainissement dans les communes de plus de 10.000 habitants et jusqu’en 2027 pour toutes les autres. Il ne faut plus trainer. A Bandrélé, les travaux de branchement ont commencé et le financement de la STEP est bouclé «depuis hier». Dans le centre (Ouangani, Chiconi, Sada), «on est prêts à démarrer les travaux». A Koungou et Passamainty, «nous avons les terrains, on va attribuer le marché dans quelques mois.»
A ces communes se rajoute Tsingoni. «On doit absolument assainir Tsingoni à cause de la retenue collinaire. Les négociations avancent pour le terrain», explique le président.
«Il nous faut 540 millions et pour l’instant, jusqu’en 2020, nous en avons 115, dont des fonds européens. On est loin du compte», dénonce le président. En fonction des financements, les choix sont encore à faire pour prioriser les chantiers.
Déléguer l’assainissement ?
Autre question d’importance : le syndicat va-t-il prendre en charge la gestion de l’assainissement ou va-t-il, sur le modèle de l’eau potable, le donner en délégation ? Les études sont en cours dont dépendront la configuration future du SIEAM. Actuellement, le syndicat compte 70 salariés et une organisation qu’il faudrait revoir et agrandir s’il n’y a pas de délégation.
Quant à l’avenir du prix de l’eau, des résultats de la renégociation du contrat voulue avec la SMAE dépendra l’avenir de nos factures. «D’ici la fin de mon mandat, je souhaite qu’on ait l’eau la moins chère du monde !» a plaisanté le président. Compte tenu des investissements annoncés, pas sûr qu’il puisse y parvenir.
RR
Le Journal de Mayotte